Une bonne journée d'boulot

Hidao Igmar Von Deutel était de un de ces rares élus capables de penser en lignes droites. La plupart des gens pensent en courbes et en zig-zags. Par exemple, ils commencent par se dire : je me demande comment devenir très riche. Puis ils ne tardent pas à dévier vers ; Je me demande ce qu'il y a pour dïner. Et : Je me demande laquelle de mes connaissances je peux taper de 5 pieces. Alors qu'Igmar appartenait à la catégorie des individus en mesure d'identifier la proposition finale, en la circonstance Je suis en train de tirer du faisan, de tracer une ligne jusqu'à elle, puis de suivre cette ligne lentement, patiemment, sur toute sa longeur.
Remarquez, ça ne marchait pas forcement. Il se trouvait toujours un grain de sable, infime mais décisif pour enrayer le processus. Il s'agissait souvent d'une incongrue gueule de bois d'ailleur. En effet, sur le trajet, le vieil homme avait jugé bon de se forcer le morale par une bonne rangée de bierre. La rangée d'ailleur fut des plus remarquable. Semblable à une trompe d'éléphant allongé sur la longueur du bar, la file de choppes sagements rangées attendaient patiemment d'être ingurgités par le vieil homme qui, après chaque unité, effectuait un pas latéral pour se retrouver face à sa prochaine victime. Bien sur, passé les 12 premieres bierres, les suivantes, du regard d'Hidao, semblaient moins coopératives, remuant sans cesse de sorte que son bras atterisse toujours a gauche ou à droite de sa prise. Certaines même, plus vicieuses que les autres préferaient se renverser carrement par terre, quitte à saloper la paire de pantoufle du gus, lequel commencait alors à insulter les eclats de verre à ses pieds avec rage.

"Alors saloperie ? T'veux pas qu'j'te vide Hein ?! Rin à foutre c'ta copine qu'va trinquer ! Eh toi la ! R'met m'en une !"

Puis il sirotait bancalement sa nouvelle victime en prenant bien soin de se pencher vers la marre de bierre s'étalant à ses pieds afin de lui lancer le regard du bourreau qu'avait su punir son client réticent. *Quelles connes ces bierres,* pensait il. *remarque, on peut pas vraiment attendre d'un tas d'chapignons macérés dans un tonneau d'être malins*. Mais en l'état actuel des choses, les bierres, et bien que leur composition releva plus du detergent que du champignons, semblaient bien plus malignes que le vieillard matraquant à present la bierre de sa pantoufle déjà fort imbibée. 17 heure tappait et Hidao sortait du bar en se dirigeant vers son bureau. Rageant de ne pas avoir attrapé le moindre faisant, il oubliait bien entendu qu'il n'avait pas quitté la taverne de l'après midi et que son fusil n'avait servi qu'à tirer rafalle sur rafalle sur un innofensif tonneau d'alcool. Le plus amusant étant que cette derniere action fit oublier au tavernier la dette qu'Hidao avait contracté dans son etablissement.

*Drole de gars,* se disait le vieillard, *un gars qu'éponge une dette comme ca, l'a quek'chose à s'reprocher c'est sur.*

En réalité, la seule chose que la barman pouvait presentement se reprocher c'était d'avoir laissé Igmar entrer dans son bar pour, une nouvelle fois, engager une joutte verballe avec un verre vide.
Le vieil homme, apres une epique escalade des marches qui menaient au derniers etages, marqua une pause

*Putains d'marches. Avec tout l'budjet qu'on a, ces abrutis pourraient bien nous installer un truc moins crevant, ou mettre not' bureau au res-d'chaussé.* Retourner la tour eut aussi été une sollution qui s'offrait à son esprit embrumé par l'alcool, puis évacué bien vite en raison du fait que le vieillard aurait eu à Accrocher son bureau au plafond et son lustre au sol. Ce qui n'était pas dans l'ordre des choses constata il.
Il était près de 17 heure 20. Arrivant alors devant son bureau, le vieillard, farfouillant deja dans sa poche pour en chercher son trousseau de clef, passa devant un specimen dont il n'avait guere connaissance sans même le remarquer. Ce ne fut qu'en essayant d'enfourcher une clefs de cave dans la serrure étroite de son bureau, et apres un juron bien sentit qu'il remarqua la presence du gus.
Il n'y prêta pas attention et continua son farouche combat contre son trousseau de clef fort bien garni. 12eme tentative, Hidao jeta le trousseau par terre, lequel se disloqua, rependant alors les quelques 20aines de clef aux 4 coins du hall. Le juron qui suivit faillit alors causer une cassure dans la realité tellement il était fantasmagorique. Le vieux se mit alors a genou pour ramasser les clefs de tout maria joa qui jonchaient le sol.
Mais les clefs semblaient aussi retords que les choppes de bierres de la tavernes. A croire que tout le monde se donnait le mot pour lui foutre sa journée en l'air. Ainsi, Hidao, toujours à genous, se tourna vers le concerné dont il n'avait pas oublié la presence et lui fit d'un air mauvais

"Bin alors tu va m'aider oui ou merde ?! P'tit con va !"

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