Arrivée de la voleuse de patates [Ace]

Drum était universellement connu pour ses hivers extrêmement rigoureux. Mais, de mémoire de pirate, cet hiver-là était le plus froid qu'on ait jamais connu. Les températues étaient si basses que les plus grosses rivières s'étaient figées, et que la mer qui entourait l'île se trouvait désormais transformée en une vaste plaine glacée, une solide banquise de deux mètres d'épaisseur. Ce matin-là, le temps semblait s'être arrêté. La nature elle-même retenait son souffle. L'air était aussi tranchant que du verre cassé et tout n'était que silence, blancheur et immobilité.
Silence, à l'exception d'un grognement mécontent qu'on entendait, quelque part, au beau milieu de ce désert de glace.

En effet, dès l'aube, une pirate avait été contrainte de quitter son bateau pour s'engager dans un froid glacial, à la recherche de provisions et se dirigeait droit vers un village. En conséquence, elle avait intêret à être aussi bonne SKIEUSE que NAVIGATRICE.

La petite silhouette frigorifiée qui se déplacait en maugréant dans cet océan blanc en laissant derrière elle des traces de pas n'était autre qu'Elva A. Appealing. Elle était engoncée dans une cape de fourrure miteuse (de loin, elle aurait facilement pu passer pour un grizzly maigrelet nourri au yaourt depuis trois semaines) et portait dans son dos un arc et un carquois rempli de flèches. A la main, elle tenait une paire de skis à la qualité douteuse et un sac de couleur verte, comme le reste de sa tenue. Sa démarche faisait vaguement penser à celle d'un crabe essayant de remonter une pente particulièrement glissante. Elva éprouvait de sérieuses difficultés à conserver le contrôle de ses nerfs. Tout d'abord, elle avait la nette impression d'être PERDUE dans cette immensité, et cela ne la rassurait pas trop. De plus, elle était frigorifiée et mourait de faim. D'une démarche maladroite, elle se continua à se déplacer dans la neige pendant une petite dizaine de minutes, puis s'arrêta sur un terrain situé en hauteur, et regarda dans ses jumelles.
Là, ca ne faisait aucun doute, elle était perdue, et bel et bien perdue. En marmonnant un chapelet de jurons, elle se prépara à descendre la pente devant elle. A skis.
Puisqu'elle ne trouvait pas de village aux alentours, il fallait bien qu'elle chasse avec son arc.

Eh oui, Elva avait des idées peu judicieuses, et celle-ci allait en tête de liste. Glisser le long d'une pente quasi verticale avec de rudimentaires skis alpins était un défi en soi, mais le relever en criblant de flêches des oiseaux constituait un effort surhumain. Elva était une skieuse affligeante et une chasseuse pathétique, tout d'abord parce qu'elle répugnait à tuer la moindre créature, mais également parce qu'en mouvement, elle visait comme une cruche. Elle éprouvait de telles difficultés à conserver son équilibre que son arc tournoyait dans sa main gauche comme les ailes d'un moulin à vent. L'hypothèse qu'elle parvienne un jour à planter une flèche dans QUELQUE CIBLE QUE CE FÛT dans cet état relevait purement et simplement de la science-fiction.

Elle se laissa glisser sur la pente en chasse-neiges. Elva se prenait une gamelle dès que le MOINDRE accident de terrain venait perturber sa trajectoire incertaine. Elva avait chuté exactement quarante-quatre fois.

- Galère, galère, galère ! maugréa Elva en ratant sa cible une énième fois et en essayant de rester debout. Je suis CONTENTE. Oui, je suis contente d'avoir sauté le petit-déjeuner, parce que mon ventre n'aurait sûrement pas tenu le coup.

Elle continua à descendre la vallée à skis en glissant lentement, chancelante et vacillante, dans son style improbable.
Elva se déplaçait à une vitesse surprenante désormais... pour la bonne et simple raison que son niveau technique ne lui permettait pas de TOURNER. La situation lui avait totalement échappé, et c'était un miracle si elle n'avait pas encore roulé dans la neige pieds par dessus tête. Elva aperçut soudain une chose compacte et sombre, juste DEVANT elle.
La jeune fille ne put rien faire, et c'est avec un grand cri -WOAAAA, pour être plus précise- qu'elle alla s'écrabouiller contre l'obstacle, soulevant des gerbes de neige. La tête dans la neige, elle entendit un autre bruit de chute. Car l'obstacle qu'elle avait violemment percuté se trouvait être un ETRE HUMAIN.

Désolée, mentit Elva en s'époussetant.

Avec un peu de chance, le gars (ou la fille ?) qu'elle avait percuté pourrait peut-être lui indiquer la direction d'un quelconque village.

- La vache, y pèle ici !!

Ce gromellement provenait d'un jeune homme avançant péniblement dans la neige profonde qui recouvrait le sol. Le dit jeune homme marchait depuis environ une heure, levant une jambe après l'autre en essayant du mieux possible de ne pas perdre l'équilibre et de se retrouver la tête la première dans la neige. Seulement, le jeune homme n'avait pas de bol, parce que d'une, l'équilibre, c'était pas facile à conserver lorsqu'on tremblait de froid, de deux, y avait du vent. Fichu vent. Le jeune homme finit donc par basculer et par atterir lourdement dans la poudreuse.

- Je HAIS la neige ! grogna-t-il à voix haute voix.

Qu'est-ce que l'autre pignouf de Barbe Noire avait besoin de venir sur cette île, hein ? Ace se le demandait franchement. Mais bon, qui sait, avec un peu de chance, il retrouverait le traître congelé sous une couche de neige, un peu comme Luffy lorsque ce dernier avait à tout prix voulu attendre dehors le retour de son grand frère, un jour de tempête de neige. Lorsque Ace était revenu, il avait découvert un bonhomme de neige dans le jardin, et n'avait pas comprit tout de suite que c'était son petit frère...
Enfin bref, passons.

Ace se remit péniblement sur ses jambes et tapota son chapeau, sa cape, et son pantacourt pour en faire tomber la neige qui s'y était logé sans lui demander son avis. Et il reprit sa marche.
En fait, dix jours plus tôt, Ace avait reçu à Whiskey Peak un message d'un de ses informateurs, lui disant que Barbe Noire serait passé, ou serait encore, sur l'île de Drum. Il s'était aussitôt mis en route, et avait voyagé sur sa planche-barque pendant dix jours, s'arrêtant parfois sur un île pour faire des provisions et se renseigner sur cette fameuse île de Drum. D'après les infos qu'il avaient récolté, Drum était une île hivernale, réputée pour ses médecins dont la technique était beaucoup plus avancée que sur les autres îles de Grand Line. Il se disait qu'au moins, les dits médecins pourraient soigner efficacement la crève qu'il était, à coup sûr, en train d'attraper. Il se demanda aussi si Barbe Blanche allait accepter de rembourser les frais médicaux. Il en douta. C'était un rapiat, le vieux. Père Noël, mon oeil. Père Fouettard à ses heures, oui !!
Ou sinon, il forcerait Barbe Noire à rembourser. Dès qu'il lui aurait mit la main dessus. Tiens, bonne idée, ça.

Ace plissa les yeux et regarda autour de lui. Du blanc. Du blanc. Y avait que du blanc, ici. Partouuuuuuuuuuut, du blanc du blanc du blanc. Et parfois, un sapin vert paumé dans cette immensité. Le sapin faisait tellement "intrus" dans ce décor immaculé que le pirate se demanda si quelqu'un ne l'avait pas égaré ici.
Ace se frotta les yeux. Pas bon ça... La fatigue le faisait délirer. Des sapins qui se perdent, on aura tout vu...
Il fit quelques pas dans la neige. Râh, fichue fatigue... Voilà qu'il avait des hallucinations auditives, maintenant. Il entendait des voix. Des grognements mécontents, et des bruits de chute, qui semblaient venir d'un peu plus haut. Il leva les yeux, mais avec ce blizzard, il n'y voyait pas plus qu'un aveugle borgne...

- Voilà que je deviens fou, maintenant... Manquait plus que ça, tiens... Vivement l'auberge.

Il avait beau maîtriser le feu, Ace n'aimait pas le froid. Pas question de se transformer en torche humaine, primo, à lui, ça ne lui ferait rien, deuzio, sa cape finirait en cendres, et finalement, il aurait encore plus froid. La vie est mal faite.

Tout à coup, Ace entendit un cri tout près, et ça, c'était pas une hallucination, il en jurerait. Enfin, pour cri, tout ce qu'il entendit, c'était :

- WOAAAA !!

Et ZBANG ! Le choc. La collision frontale. Il n'avait rien vu venir. Mais alors rien de rien ! Il sentit juste quelque chose le percuter, ce qui eut pour effet de le faire choir dans la poudreuse, une fois de plus. La seule chose qui l'empêcha de râler à nouveau, ce fut le -Désolée- qui se fit entendre juste après. Une fille ? Ici ?
Il se releva sans trop de difficulté (pour une fois) et repéra la jeune fille qui l'avait percuté. Tout ce qu'il en voyait pour l'instant, c'était la tenue verte, l'arc et le carquoi qu'elle trimballait, et... Ses skis ? Punaise, fallait être maso ou suicidaire pour skier par un temps pareil... Surtout que ça n'avait pas l'air d'être son fort.
Mais, en garçon aimable, il s'approcha d'elle et lui tendit la main pour l'aider à se relever.

- Y a pas de mal. Rien de cassé, sinon ? demanda-t-il au cas où...

- Y a pas de mal. Rien de cassé, sinon ?

Au moins, la personne qu'elle venait d'étaler dans la neige à sa suite était quelqu'un de civilisé puisqu'il ne l'avait pas découpée en tranches. Avec l'élégance d'un paquet de nouilles, elle saisit la main qu'il était en train de lui tendre et se releva, époussetant ses affaires en gromellant. Après avoir lâché un énième chapelet de jurons, elle fit face à la personne (ou du moins, la chose étrange qu'elle pouvait entr'apercevoir parmi les flocons) qui l'avait aidée à se relever.

- T'es perdu, ptigars ? J'imagine que OUI, sinon, tu ne serais pas en train de patauger comme un deumeuré dans cette purée de pois. Je m'apelle Elva A. Appealing. J'étais en train de chasser, quand il m'est arrivé une petite mésaventure. Au lieu de rester planté là comme un sapin, tu pourrais m'aider à retrouver la route d'un quelconque village - s'il y'en a un ici, bien sûr ?

Sans faire d'efforts pour paraitre plus élégante et féminine, et sans attendre la réponse du jeune homme (qui devait se demander sur QUI il venait de tomber) elle saisit son carquois, se prépara à tirer une autre flèche et reprit sa marche patibulaire à la recherche d'un gibier, ou au mieux, d'un village. La pente était très raide, et Elva renonca à mettre des skis. Elle préférait y aller à la marche, au risque de se taper un bon gadin.

Un bruit suspect cassa le silence qui s'était installé ici. Elva tourna la tête, à l'affût. Dans l'infinie blancheur qui brouillait la vue de la jeune fille, on pouvait apercevoir d'autres masses sombres, par dizaines. Le plus surprenant était qu'ils se déplacaient en sautant ! Un gibier de choix. Elva s'approcha en essayant d'être discrète. En regardant mieux, elle apercut de suspectes masses mouvantes, qui ne ressemblaient en aucun cas à un humain. Elle s'allongea dans la poudreuse, essayant de ramper pour faire le moins de bruit. Elle se tortilla vainement pendant quelque temps, afin d'approcher le plus possible de ces cibles. Elva sortit son arc, décocha une flèche... Et jaillit de sa "cachette" improvisée en faisant le cri de guerre de son ancien équipage, qui ressemblait à un gros mot particulièrement vulgaire hurlé à pleins poumons, résolue à affronter deux ou trois ours effrayés par cette apparition surgie d'on ne sait où.
Alors, pas moins d'une dizaine d' Abominables lapins des Neiges pas très contents ayant la carrure d'une armoire à glace se tournèrent vers elle.
Ce n'était absolument PAS du gibier inoffensif. C'était un impressionant troupeau de lapins géants, cette espèce particulièrement belliqueuse que l'on trouvait uniquement sur l'île de Drum.

- ...Oups. Je pense que j'ai fait une petite erreur de parcours.

Après s'être perdue dans une immensité givrée, Elva venait de provoquer un troupeau particulièrement costaud. Non, ce n'était décidément PAS son jour.

[ Désolée, post court, très court même ]

Spoiler:

Sans rien dire, la jeune fille lui prit la main pour se relever. Enfin, se relever... Pas avec la grâce d'une fille ordinaire, quoi. Plutôt... Un sac de patates. Voilà, c'est ça. Ou alors un sac de noeuds. Pas étonnant avec tout ce qu'elle avait sur le dos. Avec toute cette neige, il ne distinguait toujours pas très bien son visage, mais elle semblait plus jeune que lui. Seize ans ? Dix-sept ? Pas plus vieille que Luffy, en tout cas.

Il fut surpris en l'entendant jurer dans sa barbe, comme un vieux loup de mer qui déplore l'absence de rhum sur son rafiot. Ben dis donc... Il savait pas qu'une fille pouvait parler comme ça. A rajouter dans son carnet de bord (qu'il ne tenait qu'une fois tous les dix jours, et encore...).
Enfin, elle se planta face à lui, toute droite, et lui dit de but en blanc :

- T'es perdu, ptigars ? J'imagine que OUI, sinon, tu ne serais pas en train de patauger comme un deumeuré dans cette purée de pois. Je m'apelle Elva A. Appealing. J'étais en train de chasser, quand il m'est arrivé une petite mésaventure. Au lieu de rester planté là comme un sapin, tu pourrais m'aider à retrouver la route d'un quelconque village - s'il y'en a un ici, bien sûr ?

Ace était de plus en plus surpris. Même, il en restait sur les rotules. Parole, des trucs bizarres, il en avait vu par paquets, dans sa vie de pirate, des filles pas polies aussi... Mais tout de même. "P'tit Gars"... Elle l'avait appellé "P'tit gars" ? Alors qu'il faisait deux, voire trois têtes de plus qu'elle ? C'est l'hôpital qui se fout de la charité ou quoi ?
Mais le discours de la fille semblait l'amuser. En gros, c'était juste une touriste paumée, comme lui. Elle disait s'appeller Elva. Court et facile à retenir.
Sans chercher à comprendre pourquoi elle le comparait à un sapin, il commença à dire :

- Ouais, y a un village, pas loin... D'ailleurs, je m'y rend, tu veux que... Hé !!

Ca c'était fort ! Elle partait sans l'écouter ! D'habitude, quand on pose une question, on attend la réponse, non ? Il commençait franchement à se demander sur quoi il était tombé. P't'être une extra-terrestre... Qui sait ?
Il secoua la tête et suivit Elva. Juste pour voir où elle allait, de son pas vascillant. Elle n'avait pas l'air plus à l'aise que lui dans la neige. Au moins, elle ne remettait pas ses skis, c'était toujours un danger écarté. Tout à coup, il la vit s'arrêter, aux aguets. Se baisser. Ramper. Ace se demanda vaguement à quoi elle jouait. Il se surprit à sursauter lorsqu'elle bondit en hurlant sauvagement. Sûr, maintenant. C'était une extra terrestre.
Il s'avança encore et aperçu... Une meute entière de Lapins des Neiges. Et ces monstres n'avaient pas l'air franchement amicaux. Ils devaient se demander s'ils allaient la manger crue ou la faire rôtir...
De là où il était, il entendit la voix d'Elva :

- ...Oups. Je pense que j'ai fait une petite erreur de parcours.

*Naaaaaan, tu crois ? *
Petite erreur de parcours... Qu'est-ce qu'il fallait pas entendre... Ace réfléchit cinq secondes et soupira. Certes, il était un pirate. Certes, il devait retrouver Barbe Noire. Certes, y avait des chances pour que cette fille soit une extra terrestre.
Mais Ace était Ace, et c'était pas son genre d'abandonner quelqu'un, qui plus est si ce quelqu'un était sur le point de se faire dévorer par un troupeau de lapins cannibales. Bon d'accord, c'était pas courant comme situation. Mais que voulez vous, impossible n'est pas Ace...
Il se débarassa de sa cape qui entravait ses mouvements (tant pis pour la crève) et bondit aux côtés de la fille.

-Tu pouvais pas attendre que je te dise où était le village ? demanda-t-il en souriant.

Et, sans attendre la réponse non plus, il transforma sa main droite en une boule de feu et clama :

- Pyro Punch !!

La boule de flammes partit et atteignit quelques lapins de plein fouet. Ace espéra que Elva n'avait pas de déficience cardiaque...
Il réitéra son attaque deux trois fois, atteignant à chaque un ou deux, voire trois lapins géants. Mais à chaque fois, un autre apparraissait.

- Pas possible, ça, ils sont combien, ces bidules poilus ? bougonna-t-il en lançant un autre pyro punch.

A ce rythme là, ils allaient bientôt être débordés...

-J'crois pas qu'on va tenir bien longtemps... T'as un plan pour nous sortir de là ?

- Pyro Punch !!
- GYAAAH !

Devant les yeux -désormais ronds comme des assiettes- d'Elva, l'inconnu venait de cramer pas moins de cinq lapins. Rencontrer un détenteur de fruit de Démon dasn cet contrée paumée tenait du miracle. Le pire dans tout ça était que le jeune homme semblait rester ZEN devant un troupeau entier de lapins des neiges. Elva retint sa respiration, se maudit, et encocha une nouvelle flèche. Le projectile fendit les airs, et alla se ficher profondément dans le ventre de l'un des lapins. C'était la première fois de la matinée qu'Elva faisait mouche. Une autre de ses flèches, par quelque divin coup du sort, décrivit une courbe parfaite et alla se planter droit dans le bras du même lapin. Il poussa un cri déchirant, effectua un saut périlleux aussi académique qu'involontaire, renversa l'autre lapin qui se tenait devant lui, lequel glissa sur les fesses et faucha les jambes des autres Lapins des Neiges encore indemnes, les faisant tomber comme des quilles.
Fous de rage, les lapins l'étaient ASSUREMENT. Pour être tout à faire précise, c'était comme si l'incendie qu'avait provoqué Ace quelques minutes plus tôt s'était propagé dans leur système nerveux. La jeune fille fonca vers un lapin et lui infligea un violent coup de poing... qui l'envoya voler deux mètres plus loi, percutant une fois de plus l'une des bestioles. Alors qu'elle était sensée avec le potentiel d'une moule marinière ! Voir Elva tabasser un Lapin des Neiges était un peu comme voir un Pirate et un Marine jouer à la dînette ensemble. Inconcevable. Pourtant, c'était ce qu'elle venait de faire.

- Aucune idée, si tu veux mon avis, gémit-elle en s'adressant à Ace. Mais je ne pense pas qu'ils soient très CONTENTS. Attends, suis-moi, je vais les semer !

Sur ce, Elva chaussa ses skis, et se prépara à redévaler la pente.

- HE, LES FILLES ! GROUILLANT AMAS DE TÊTARDS ASTHMATIQUES !

Elva, glissant maladroitement le long de la pente enneigée, avait visiblement réussi son plan, vu que les lapins venaient de comprendre qu'elle s'adressait à eux et de commencer à la prendre en chasse. Les créatures restants, immobiles et interdits, regardèrent la silhouette hurlante cheminer en contrebas. Et se lancèrent à la poursuite de l'élément perturbateur. La jeune fille continuait malgré tout à tourner la tête de temps en temps pour lancer une bordée d'injures à l'adresse de ses poursuivants.

- Par les aiselles du grand Baldur, marmonna Elva. J'ai intêret à me GROUILLER pour les semer.

La jeune fille apercut soudain ce qui, de loin, semblait ressembler à une sorte de forêt de pins. La jeune fille s'engouffra dedans -de toutes façons, elle ne pouvait s'arrêter- pour constituer une cible moins facile. Avec un air satisfait, elle entendit des bruits de cris et de vociférations. Elle se mit en chasse-neige, et, par un quelconque miracle, finit par s'arrêter. Elle regarda plus haut. Les lapins avaient arrêté de la courser, et , visiblement, étaient retournés vers le haut de la montagne. Avec une exclamation de joie, elle déchaussa ses skis, et commença à remonter la pente, en faisant attention de ne pas croiser d'autres lapins.

- HEY, t'as vu ça ?! hurla-t-elle à l'adresse de Ace. Je les ai SEMES. Maintenant, tu pourrais me dire où se trouve le village ?

Et paf, un de moins. Et encore un. Puis un autre.
Punaise, si ça continuait à ce rythme là, c'est le troupeau entier qu'ils allaient décimer. Il y tenait pas vraiment. Et l'écosystème alors, personne n'y pense ? Même des grosses bêbêtes poilues pouvaient être utiles. Si, si. Ca sert aux touristes paumés. Ca leur permet de se nourrir (quand, par miracle, ils arrivent à en tuer un sans se faire trucider par le reste de la bande). Ou alors à garder la forme. Comme ils étaient justement en train de le faire. Mine de rien, c'est physique de tenir tête à des lapins des neiges enragés. Ace se demanda si ça pourrait devenir une discipline sportive.

De son côté, Elva semblait se débrouiller avec son arc. Le pirate se demandait si c'était par chance ou par hasard. Comment ça, c'est pareil ?
Il la vit s'élancer vers un lapin et le percuter violemment. Ma parole, c'est une manie chez elle ou quoi ? Peut-être, mais au moins, c'était efficace. Le bestiole effectua un magnifique roulé boulé et alla renverser ses petits copains juste derrière. En d'autres circonstances, Ace aurait crié "STRIKE ! ". Mais bon. Là, c'était pas vraiment le moment.

- Aucune idée, si tu veux mon avis . Mais je ne pense pas qu'ils soient très CONTENTS. Attends, suis-moi, je vais les semer !

Nan, tu crois ? Evidemment qu'ils sont pas contents, on les tabasse. Ace se demanda si Elva aurait été contente de se faire cramer la tronche, elle.
Avant qu'il ait pu répliquer, elle s'élança sur ses skis. Oh non, pas les skis, pas les skis ! Y allait encore y avoir une catastrophe !

- HE, LES FILLES ! GROUILLANT AMAS DE TÊTARDS ASTHMATIQUES !

Ok, c'est foutu. Quelle idée aussi de comparer des Lapins des Neiges à des têtards asthmatiques. Féminins, en plus. Ah làlà.
Il la suivit du mieux qu'il put, constatant avec étonnement que les grosses boules de poils tombaient dans le panneau. C'est lorsqu'il aperçut la forêt de pins un peu plus bas qu'il comprit la tactique d'Elva. C'est bien pensé, mais risqué, étant donné le niveau de ski de la fille...
Il la vit partir en zigzaguant bizarrement pour enfin s'engouffrer dans la forêt. Intentionnellement ? Aucune idée. Toujours est-il qu'elle y était. Les gros lapins, eux, repartaient, mécontents d'avoir manqué leur cible. Ace de planqua, le temps qu'ils partent, et ressortit après s'être assuré qu'il n'y ait plus de danger.

Soudain, il entendit Elva qui l'appellait.

- HEY, t'as vu ça ?! Je les ai SEMES. Maintenant, tu pourrais me dire où se trouve le village ?

Il attendit qu'elle arrive à sa hauteur pour lui répondre :

- J'allais te le dire quand tu es partie provoquer ces boules de poils géantes. dit-il en souriant.Y a un village un peu plus loin, par là-bas.

Il indiqua une direction vers laquelle on pouvait effectivement voir des fumées s'élever.

- Je m'y rendais, justement. Viens avec moi, si tu veux.

Et, sans plus attendre (car il avait froid, quand même, surtout depuis qu'il avait enlevé sa cape), il reprit son chemin, pour voir si la fille le suivait.

- Au fait, je m'appelle pas "P'tit Gars". Je m'appelle Ace.

- Au fait, je m'appelle pas "P'tit Gars". Je m'appelle Ace.

Elva acquiesca d'un signe de tête rapide. Ace, ce prénom lui disait bien quelque chose, mais elle n'arrivait PAS à mettre la main dessus. Tant pis. Elva lui emboîta donc le pas, et les deux jeunes gens arrivèrent rapidement au petit village dont les maisons émettaient une trainée de fumée. Les rues étaient aussi enneigées que les toits des maisons, et pas un habitant ne pointait son nez dehors. Normal, vu le temps de canard qui régnait sur l'île.

La jeune fille accéléra le pas. Son ventre se faisait de plus en plus bruyant, mais maintenant qu'elle y était arrivée, elle ne tarderait pas à trouver une auberge. Quand elle y repensait, la tête de l'homme auprès de qui elle marchait lui disait VRAIMENT quelque chose, mais quoi ? Elva avait beau ressasser sa mémoire de moineau, elle ne trouvait pas.

D'ailleurs, il semblait porter un tatouage des plus étranges. Un A, puis un S barré, suivi d'un C et d'un E. Elva pouffa : le tatouage était rectifié d'une manière bien ridicule !

Soudain, le même bruit familier rappela la jeune voleuse de patates à l'ordre. Décidément, son estocamac ne se privait jamais de lui rappeler sa présence dans quelque lieu que ce fut. Son odorat capta soudain des effluves qu'elle saurait reconnaître entre mille. Une odeur qui lui était très familière désormais, c'était bien sur la nourriture.

La jeune pirate ne tarda pas à trouver d'ou venait ce délicat fumet, et se dirigea donc vers une maison plus imposante que les autres. Elle arborait une espèce de panneau devant l'entrée sur lequel était inscrit "Le Pirate Congelé".

- Tu viens ? fit-elle à l'adresse du grand brun qui marchait à ses côtés.

Une fois de plus, sans attendre sa réponse, Elva poussa la porte de chêne et entra dans l'auberge. L'ambiance était chaude et acceuillante, et de nombreuses personnes -des hommes, en majorité, ripaillaient en mangeant comme quatre. La jeune fille s'assit au comptoir et commanda une bière, tout sourire. Elle jetta un coup d'oeil au dénommé Ace... et recracha le contenu de son verre.

- Ah, cha y'est, j'me souviens de toi-blb ! mugit-elle, de l'eau dans la bouche. Désolée de ne pas m'en être souvenue AVANT. Tu es Porteglas D. Ace, le commandant de la deuxième flotte de Barbe Blanche ! Quelle coincidence -elle se resservit du poulet en grande quantité devant les yeux du tenancier éberlué- Je suis entrée dans c't'équipage il n'y a pas si longtemps. C'est que tu te débrouilles BIEN, pour un GARCON, bien sûr.

[Désolée pour le post pas terrible]

[Mais non, c'est pas grave X3 Si tu manques d'inspi, envoie poi un mp, je te donnerai un coup de main.]

Elva hocha la tête en guise d'acquiescement. Bon, au moins, elle n'allait plus l'appeller "P'tit Gars"... C'était toujours ça de gagné. Il la vit le suivre, sans remettre ses skis (ce qui, à son sens, était une bonne chose), sans dire un mot, jusqu'au village. Un frisson le parcourut. Punaise, qu'est-ce qu'il faisait froid, dans ce pays... Pas possible ça... Comment ils faisaient pour vivre, les gens ? Avec un manteau de fourrure de dix mètres sur le dos en hiver et cinq en été ? Ben dis donc...

Ils arrivèrent au village dix minutes plus tard. Il regarda autour de lui et constata qu'il n'y avait presque personne dans la rue. Juste un habitant qui passait d'une maison à une boutique, de temps à autre, le temps d'acheter du bois ou à manger. A côté de lui, il entendait le ventre d'Elva manifester son mécontentement. Tant mieux, il ne l'aurait pas amenée pour rien. En plus, il avait faim lui aussi. Ils feraient d'une pierre deux coups.

Néanmoins, quelque chose le dérangeait. La jeune fille le regardait bizarrement depuis tout à l'heure... Tiens, et voilà qu'elle se mettait à rigoler toute seule ! Il se demandait si le froid ne lui avait pas fait disjoncté les neurones... Lorsqu'il se rendit compte qu'elle regardait son tatouage sur le bras. Erf, toujours cette faute... Ca faisait rire pas mal de gens, lui le premier. Sur le coup, il avait pas rigolé (et le tatoueur non plus, après s'être fait défigurer), mais avec le recul... Au moins, c'était original.

Tout à coup, le ventre d'Elva se manifesta à nouveau. Ace réprima un sourire et se dirigea avec elle vers une auberge : Le Pirate Congelé. Coup de bol, c'était l'auberge où il logeait. Il n'aurait peut-être même pas besoin de ressortir après.

- Tu viens ?

Et, encore une fois, elle n'attendit pas sa réponse. Ma parole, c'était une vraie manie, chez elle. Les extra-terrestres étaient-ils tous comme ça ?
Enfin, passons. Il la suivit à l'intérieur. Il se sentit tout de suite dans son élément. Cette auberge était le genre de baraque à accueillir tous les voyageurs du coin. Pleine à craquer de vieux loups de mers venus de tous horizons, qui reprenaient des forces et déblatéraient leurs histoires, réelles ou totalement inventées, voire un peu des deux, avant de reprendre la mer, à la poursuite de leurs rêves.
Ace sourit imperceptiblement et s'assit avec Elva au bar, à côté d'un vieux amputé d'un bras et d'une jambe.

La jeune fille commanda une bière, lui demanda une choppe de rhum. Il pouvait enfin voir à quoi elle ressemblait vraiment. Elva sembait vraiment jeune, il lui donna seize ans. Pas plus. Des cheveux châtains clair encadraient son visage et deux grand yeux noisettes le dévisageaient.
Elle était plutôt jolie. Il songea à la présenter à Luffy, histoire de rigoler. Quoique, ce mec ne s'intéressait pas aux filles. Seulement aux pirates et à la bouffe.

Soudain, alors qu'il ne s'y attendait pas, elle s'étrangla avec sa bière. Quoi ? Qu'est-ce qui se passait encore ?
Il lui donna quelques petites tapes dans le dos, en lui demandant si ça allait, mais elle ne répondit pas (une fois de plus...). A sa grande surprise, elle s'exclama :

- Ah, cha y'est, j'me souviens de toi-blb ! Désolée de ne pas m'en être souvenue AVANT. Tu es Porteglas D. Ace, le commandant de la deuxième flotte de Barbe Blanche ! Quelle coincidence -elle se resservit du poulet en grande quantité devant les yeux du tenancier éberlué- Je suis entrée dans c't'équipage il n'y a pas si longtemps. C'est que tu te débrouilles BIEN, pour un GARCON, bien sûr.

Paf. Ace se plaqua une main désespérée sur le visage. Nan mais quelle douée cette fille... Elle ne savait pas que sa tête était mise à prix 200.000.000 de Berrys ?
Heureusement, se souvint Ace, la Marine n'était pas présente sur l'île. Il se demandait bien pourquoi d'ailleurs.
Au tenancier estomaqué, il esquissa un geste d'excuse et dit :

- Excusez-nous... Nous ne sommes pas ici depuis très longtemps, je crois que le froid l'a un peu... Perturbée...

Il attendit que le tenancier s'éloigne, toujours perplexe, avant de se tourner vers Elva et de lui dire, à voix basse :

- Ca va pas de crier comme ça ? Et si y avait eu la Marine dans le coin ? Ils se seraient fait un plaisir de nous attraper tous les deux ! Au cas où tu ne serais pas au courant, ils me cherchent, et s'ils apprenaient que toi aussi tu es dans l'équipage, il te mettraient la main au collier aussitôt !

Il soupira et avala quelques gorgées de rhum. Une fois calmé, il reprit :

-Alors comme ça, t'es de la deuxième flotte, toi aussi ? Tu as dû entré alors que j'étais déjà parti à la rechercher de Teach alors... Je ne t'ai jamais vue sur le bateau. Sinon, je m'en souviendrais, je n'ai pas beaucoup de filles sous mes ordres.

Il marqua une pause avant de demander :

- D'ailleurs, comment ça se fait que tu sois ici, et pas sur le bateau ? Les gars t'ont confié une mission ?

Il n'y avait dans sa voix aucune suspicion. Juste de la curiosité. C'était normal de vouloir savoir, non ?

Elva avait à peine fini sa phrase qu'elle se rendit compte de la BOURDE qu'elle venait de faire - en plus d'avoir écorché d'une horrible manière le nom d'Ace. Elle prit un air idiot -ce fut difficile de faire mieux- pour convaincre le tenancier qui s'éloigna, la mine suspicieuse. Elle marmonna un bref "désolée".

- Ca va pas de crier comme ça ? Et si y avait eu la Marine dans le coin ? Ils se seraient fait un plaisir de nous attraper tous les deux ! Au cas où tu ne serais pas au courant, ils me cherchent, et s'ils apprenaient que toi aussi tu es dans l'équipage, il te mettraient la main au collier aussitôt !

Il but quelques gorgées de rhum devant Elva, impassible.

-Alors comme ça, t'es de la deuxième flotte, toi aussi ? Tu as dû entré alors que j'étais déjà parti à la rechercher de Teach alors... Je ne t'ai jamais vue sur le bateau. Sinon, je m'en souviendrais, je n'ai pas beaucoup de filles sous mes ordres. D'ailleurs, comment ça se fait que tu sois ici, et pas sur le bateau ? Les gars t'ont confié une mission ?

- En fait, je devais aller chercher de la nourriture et je me suis perdue. Désolée d'avoir crié, comme tu dis. De toutes façons, je suis la reine de l'évasion et PERSONNE ne peut me retenir , fit-elle sur un ton très vantard. Tu es toujours à la recherche de Barbe Noire ? J'ai entendu parler de cette histoire.

D'après ce qu'elle avait entendu sur le bateau de Barbe Blanche, Ace était à la recherche d'un fieffé gredin qui avait commis l'un des pires crimes de la piraterie ; tuer un Nakama. Elva comprenait cette mentalité, mais de là à se lancer seul sur Grand Line au risque de se faire capturer par des Marines juste pour retrouver un petit plaisantin... Cependant, Ace avait l'air d'y tenir vraiment. Décidément, elle ne comprendrait JAMAIS les hommes.

En commandant un deuxième verre, elle reprit :

- En fait, je viens d'une ancienne bande de pirates, les Bouchers Bourrus. Malheureusement, on a été séparés, mais grâce à mon méga-talent, j'ai réussi à survivre. Peu après, j'ai rencontré Barbe Blanche, qui m'a intégrée à ta flotte -Hep ! Un autre verre, s'il vous plaît !- Evidemment, qu'il n'y a pas beaucoup de filles dans l'équipage de Barbe Blanche. POURQUOI je suis ici ? Parce que Moi, Elva La Grande, ai fait des EFFORTS pour m'en sortir dans ce monde de mysogines, mugit-elle en reprenant son 5eme verre de bière.

Elva enchaînait les verres de bière. Or, Elva tenait très mal l'acool. Au bout de trois verres, elle était déjà ivre. En outre, elle parlait de plus en plus fort et la moitié de la taverne avait les yeux rivés sur elle. La jeune fille tenta de se lever en entonnant l'air national des Bouchers Bourrus. Mais sa vue devenait assez floue et elle avait la tête qui tournait. La pirate perdit l'équilibre, et tomba à la renverse... contre la chaise d'une grosse brute en train de jouer aux cartes.
Stupéfait de se trouver pris à parti par une jeune fille petite et chétive, la brute qu'elle venait de bousculer violemment resta interdite, la machoire pendante, ses grosses mains pleine de viande figées à un centimètre de sa bouche. Alors, leeenteemeeent, il se tourna vers l'élément perturbateur et dit d'une voix rappelant celle d'un morse asthmatique :

- Tu me cherches, petite ?

Seulement, il y avait un problème. Boire réveillait la tendance naturelle d'Elva à avoir "les fils qui se touchent". Ainsi, elle pouvait devenir agressive et intenable à n'importe quel moment. Elva leva un oeil vitreux vers la brute qui la dépassait d'au moins trois têtes. Très dignement, elle leva la tête.

- Infâme déjection de plancton ! brailla celle-ci, le teint rouge à force d'avoir trop bu. VOUS MOUILLEZ TOUS VOS FROCS COMME DES LARDONS A L'IDEE D'AVOIR A AFFRONTER UNE VERITABLE PIRATE !

Maintenant, il était CLAIR qu'Ace n'avait aucune chance de passer inapercu aux côtés de la jeune fille.

-En fait, je devais aller chercher de la nourriture et je me suis perdue. Désolée d'avoir crié, comme tu dis.

Mwé, désolée, désolée... C'est vite dit... Et se perdre en allant chercher de la nourriture... Fallait le faire. Cette fille était une Luffy féminine ou quoi ? Enfin, féminine... Tout est relatif, comme on dit.

De toutes façons, je suis la reine de l'évasion et PERSONNE ne peut me retenir , fit-elle sur un ton très vantard. Tu es toujours à la recherche de Barbe Noire ? J'ai entendu parler de cette histoire.

La reine de l'évasion... Mais qu'est-ce qu'il fallait pas entendre...
Tiens, elle avait entendu parler de son histoire avec Teach ?
Donc, comme d'habitude, les gars n'avaient pas su tenir leur langue. Quoique... Il soupçonnait aussi Barbe Noire de se vanter de son "exploit" dans toutes les tavernes à chaque fois qu'il buvait un coup de trop. Dans ce cas, c'était pas étonnant qu'une fille comme Elva soit au courant. En fait, en y réfléchissant, pas mal de pirates et autres forbans étaient au courant. Il avait eu assez d'ennuis avec ça pour le savoir.

- En fait, je viens d'une ancienne bande de pirates, les Bouchers Bourrus. Malheureusement, on a été séparés, mais grâce à mon méga-talent, j'ai réussi à survivre. Peu après, j'ai rencontré Barbe Blanche, qui m'a intégrée à ta flotte -Hep ! Un autre verre, s'il vous plaît !- Evidemment, qu'il n'y a pas beaucoup de filles dans l'équipage de Barbe Blanche. POURQUOI je suis ici ? Parce que Moi, Elva La Grande, ai fait des EFFORTS pour m'en sortir dans ce monde de mysogines.

Oh là, oh là... Ca faisait combien de verres qu'elle s'enfilait, là ? Au moins le cinquième, non ? Parce qu'elle commençait sérieusement à virer pompette, là. Voire ivre.
Et la voilà qui se remettait à crier. Où est le bouton OFF, s'il vous plaît ?
Et en plus elle se mettait à débiter n'importe quoi. Mais alors du n'importe quoi EN PUISSANCE. "Elva la Grande" ? Elle faisait deux têtes de moins que lui (qui mesurait quand même 1m80 au dernier rescencement). "Ce monde de mysogines" ? Il en venait à se demander si c'téait pas elle, la mysogine, dans l'histoire...

Ace tourna la tête et constata que plus de la moitié des occupants de la taverne les dévisageait. Mince... Ils allaient encore avoir des ennuis.
Son mauvais pressentiment augmenta encore lorsqu'il la vit se lever en titubant (la prochaine fois, elle boira du jusde pommes !) et entonner un chant. Ou plutôt, quelque chose qui y ressemblait vaguement. En tout cas, une chose s'imposait à l'esprit du pirate : cette fille était complètement bourrée et ne supportait pas l'alcool. Gé-ni-al.

C'est alors que la catastrophe arriva. Avant qu'il puisse la retenir, Elva bascula en arrière et tomba sur une grosse brute peu attrayante qui n'avait rien demandé. Pendant un instant, Ace pria pour que le mastodonte passe l'éponge sur cet incident et les laissent tranquille.

- Tu me cherches, petite ?

Ouh, la voix d'outre tombe... Ace se demanda si c'était possible de trop muer. Parce que ça devait être le cas de Boule De Viande. Pas possible autrement.
Il s'apprêta à intervenir, à s'excuser, et à traîner Elva dehors, mais... C'était sans compter sur les capacités vocales et le vocabulaire de cette dernière.

- Infâme déjection de plancton ! brailla celle-ci, le teint rouge à force d'avoir trop bu. VOUS MOUILLEZ TOUS VOS FROCS COMME DES LARDONS A L'IDEE D'AVOIR A AFFRONTER UNE VERITABLE PIRATE !

Bon. Ben c'est foutu. Pour la discrétion, on repassera.
D'un seul coup, les murmures s'instensifièrent dans la salle. On commençait à les regarder bizarrement. Ace savait que les pirates n'étaient pas appréciés dans le coin. Et il savait aussi que, tôt ou tard, quelqu'un le reconnaîtrait.

- Hé, regardez ! Le type là ! Son tatouage... C'est Ace aux Poings Ardents ! L'homme de Barbe Blanche !!

Bon, ben ça n'avait pas traîné. Les clients reculèrent tous d'un même mouvement, mus par la peur ou la curiosité. Tous, sauf... Boule de Viande. Celui-ci avait détourné son attention d'Elva qui continuait de brailler à ses pieds pour la reporter sur son compagnon. Il le regardait d'un air... Méchamment intéressé. Ace était prêt à parier que la prochaine phrase allait porter sur sa prime.

-Ace aux Poings Ardents, hein ? articula-t-il avec une grimace. Le gars qui vaut 200.000.000 de berrys et après qui toute la Marine court comme des dératés ? J'ai toujours eu envie d'empocher la jolie prime qu'il y a sur ta tête...

Et paf, gagné. Si sa prime augmentait d'un berry à chaque qu'on évoquait sa valeur en le reconnaissant, elle aurait probablement doublé.

- Ok, alors on va faire un deal, toi et moi. Je te bats, j'apporte ta tête aux Marines de l'île la plus proche, et je rafle la mise qui est sur ta tête. Ca te va ?

Et la grosse brutasse s'avança vers lui.
Ace poussa un long soupir. Ce type l'ennuyait. Il allait encore y avoir une bagarre, et après celle contre les Lapins Crétins de tout à l'heure, il n'y tenait pas vraiment. Enfin, si ça lui permettait d'avoir la paix après...
Le pirate se leva et fit face à son adversaire (qui faisait bien trente centimètres de plus que lui). Il observa avec indifférence l'énorme poing brandi vers lui, et lâcha :

-Je ne te le conseille pas.

Boule de Viande ricana et brandit un coutelas vers Elva. Ouais mais nan. On s'en prend pas à ses nakamas, aussi bourrés soient-ils. Sinon, où irait le monde ?
Comme en réponse à un signal, quatre autres zigotos se levèrent et s'approchèrent, prêts à en découdre.
Ace soupira de plus belle.

-Vous pourrez pas vous plaindre que je ne vous ai pas prévenus...

La ditribution de coups commença. Ace évitait autant que possible d'utiliser son pouvoir, primo, ces bakas n'en valaient pas la peine, deuxio, où dormirait-il ce soir si son auberge brûlait ? Mais il ne pouvait s'empêcher de transformer ses poings en flammes, juste pour voir ses adversaires prendre peur.
Il lattait ses adversaires (qui se faisaient de plus en plus nombreux, un à un. Quand tout à coup, il entendit un grand cri à côté de lui.
Il tourna la tête et ce qu'il vit le stupéfia...

La brute sembla se désintéresser totalement d'Elva et se dirigea vers Ace. Aparemment, ils n'avaient pas eu besoin d'Elva pour savoir que ce dernier avait une prime très élevée. Comme des mouches attirées par un pot de confiture , les pirates présents (tous de grands gaillards) se rassemblèrent autour d'Ace, bien décidés à le capturer pour empocher les berrys. La bataille commença. Ace semblait s'en sortir avec une facilité déconcertante. Elle n'eut pas le temps de s'en soucier, car déjà un autre homme se dirigeait lentement vers son sac de voyage, attiré par l'éclat qui s'en échappait. D'un geste vif, la jeune fille se dirigea vers lui et lui mit une véritable beigne... qui l'envoya voler trois mètres plus loin.

- WOOOOOH !

L'homme avait littéralement volé et s'était écrasé contre le comptoir de l'auberge. Le bois céda sous le coup. Elva, que le mouvement avait revigorée mais qui était toujours aussi "pompette", reprit son sac et le mit au dos.

- T'as pas intêret à toucher à ça, p'ticon !

Les quelques hommes qui avaient pu voir le spectacle restaient éberlués. Qu'une POULETTE d'à peine dix-spet ans parvienne à envoyer voler l'un de leurs compagnons était totalement impressionant. Elva bondit, pour rester à distance de ses ennemis. Elle saisit son arc, attaché dans le dos, et décocha une flèche. Cette fois-ci, elle n'était pas en mouvement. Elle viserait donc mieux. Mais l'ivresse n'arrangeait pas la chose. La flèche fusa... et alla se planter dans le postérieur d'un des hommes qui étaient en train de se battre avec Ace.

- Oh, PINCEZ-MOI ! mugit Elva, impressionnée d'avoir réussi à viser.

Elle n'eut pas le temps de se réjouir plus longtemps car déjà un autre homme s'approchait d'elle. Elle le reconnut, c'était celui qui avait recu sa flèche.

- Comment OSES-tu t'en prendre à mon ROYAL fessier ?! brailla celui-ci. Moi, NORBERT LE GIVRE, je ne permettrai pas une telle humiliation !

Le dénommé Norbert le Givré -qui avait l'air d'être un pirate local- beugla ensuite des insultes aussi vulgaire qu'intelligibles. Il porta la main à son dos et saisit une énorme hache... qu'il lanca sur Elva. La jeune fille sauta, et rebondit sur le ventre d'un gros homme endormi que tout ce vacarme n'avait pas suffi à réveiller. Le chaos le plus total régnait dans l'auberge.
La jeune fille affrontait maintenant Norbet le Givré, qui avait sorti une épée à la lame effilée, et se préparait à découper Elva en Apéricubes. Il était IVRE DE RAGE et faisait tournoyer son épée comme un possédé. Elva sasit un pied de chaise qui lui paraissait assez solide et s'en servit maladroitement pour éviter les coups. Tout en évitant, elle frappait le pirate avec sa force surhumaine.
Norbert en avait plus qu'ASSEZ. il s'était pris une flèche dans les fesses, et , comble de l'humiliation, l'équipage de Barbe Blanche n'avait même pas la décence d'envoyer des ADULTES pour défoncer son équipage. Pour courroner le tout, lui, Norbert le Givré, terreur de l'île de Drum, maître épéiste, éprouvait les pires difficultés à se débarasser d'une petite brune ivre adepte du corps à corps en combat singulier. Cette gamine ne tenait pas en place.
Elle parait presque toutes ses fentes en entonnant, l'air absent, l'hymne des Bouchers Bourrus. Elle faisait joyeusement des galipettes entre chaque mouvement et dégustait un sandwich au sanglier sauvage en se BATTANT.
En outre, elle JACASSAIT comme une pie.

- J'espère que ca ne vous -HIPS- dérange pas si je mange un 'tit morcif, fit-elle avant d'esquiver la fameuse botte de Barbe-Sale le Grave en bondissant, de lui donner un violent coup de pied à la hanche et d'aller se cacher derrière une table. Je sais que ca ne se fait pas de parler la bouche pleine mais je meurs de faim.

Norbert lui lanca un sourire dément et bondit par-dessus la table, décidé à lui donner un coup fatal. Elle esquiva l'attaque, effectua un bond très haut, se rattrappa à sa barbe, essuya ses doigts graisseux dessus puis atterit souplement en face de lui.

- Je vais te MASSACRER, bégaya Norbert le Givré, les yeux embués à cause du traitement infligé à sa pilosité faciale. Je vais te perforer le ventre, te découper en rondelles et donner ta carcasse fumante aux Lapins des Neiges.

- Vous êtes fort, vraiment très fort ! chantonna Elva avant de jeter un oeil malicieux à des tonneaux empilés. Mais il va d'abord falloir m'ATTRAPER ! ♥

Sur ces mots, elle effectua une roulade maladroite entre les jambes de Norbert, se releva dans son dos, et commenca à escalader l'empilement de tonneaux. Une fois que ce fut fait, elle atteignit le toit, et s'accrocha aux poutres de bois massif comme un paresseux. Le chef pirate pivota sur ses talons, et constata que son éxaspérante ennemie s'était volatilisée. Elva, suspendue au dessus de sa tête, profita de cet instant d'hébétude pour lui fracasser son talon sur la tête. Norbert vacilla et tomba à terre, inconscient.

- Yahoo ! mugit Elva avant de redescendre de son perchoir. Quelques pirates l'encerclèrent.

- On va te faire payer ce que tu as fait à notre chef !

Oups. De toute évidence, elle aurait mieux fait de ne JAMAIS descendre. Elle se défaisait facilement d'un seul ennemi, mais six personnes en même temps, c'était une autre affaire.

- Hiken !!
-BWAAAAAAAAAAAARGH !! CA BRÛÛÛÛÛLE !!!!

Boule de Viande s'étala lamentablement par terre en se tortillant comme un ver de terre et en hurlant comme un damné. Faut dire qu'il était littéralement en train de griller. Vif. Ca devait faire mal.
Ace se battait à présent contre une dizaine de brigands, et voyait Elva se battre à côté de lui contre une autre brute épaisse. Tiens ? C'était pas celle qui venait de se prendre une flèche dans la fesse ?
D'après ce qu'elle beuglait, si. Il disait s'appeller "Norbert le Givré". Ca lui allait plutôt bien, mais Ace pensait plutôt à... Une autre boule de viande.
Bref.
Boule de Viande N°1 se relevait en titubant, un désir meurtrier dans le regard. A coup sûr, il voyait Ace comme de la future charpie.
Ouais mais non. C'est pas comme ça que ça se passerait.
Boule de Viande N°1 dégaina une épée (émoussée, remarqua Ace au passage) et se précipita sur notre pirate avec l'élégance d'un hippoppotame enragé sur un fil de funambule. C'est vous dire.

Ace se baissa pour éviter le bout de métal rouillé et balaya les jambes de son adversaire d'un coup de pied. Celui-ci roula sur le sol, et le pirate qui valait 200 millions l'envoya dans le décor avec un Hiken de toute beauté.
Il n'eut pas le temps de s'extasier que déjà, d'autres zouaves lui sautaient dessus. Avisant la lampe qui était au dessus de sa tête, il sauta en l'air et s'y accrocha avec les jambes, avant d'envoyer une rafale de Higan (tir de balles de feu) sur toutes les brutes qui semblaient lui en vouloir. Les dites brutes, touchées ou non, s'éparpillèrent dans la salle. Il se laissa retomber à terre et envoya son poing dans l'estomac d'un idiot qui pensait le prendre par surprise, puis son coude dans la mâchoire d'un autre imprudent.

Un autre encore se jeta sur lui avec un poignard. Ace l'attrapa par les poignets (bon sang, qu'il était lourd !) et l'envoya valser contre une table qui se brisa en une multitude d'éclats sous le choc. Quand il voulut se relever, le brigand eut la surprise de se retrouver coincé au sol par une main ferme, un poignard chauffé à blanc à un centimètre de la gorge.

- Pi... Pitié... Ne me tue pas !... balbutiait-il.

Ace profita de l'effet de surprise pour l'assomer avec un bon coup de poing. Il lança ensuite le poignard dont il avait chauffé la lame sur un camarade de l'assomé. Le poignard fila, et se ficha dans son épaule.

- WAAAAAAAARGH !!

Ace lui décocha un coup de poing dans le visage, et attendit qu'il s'écroule à terre pour le saisir par les chevilles et balancer sa carcasse sur les autres.

Les quelques bagarreurs indemnes qui restaient battaient en retraite. Ace décida donc de voir où en était Elva. Il regarda vers l'entrée et la vit... Tomber du toit ? Mais comment elle y était allée ?
Passé l'instant de surprise, il remarqua que six hommes encadraient sa nakama. Il entendit l'un d'eux lui dire :

- On va te faire payer ce que tu as fait à notre chef !

Tiens donc. Boule de Viande N°2 était donc leur chef ? Ace l'aperçut qui gisait à terre, salement amoché. Elva était si forte que ça, quand elle était bourrée ?
Bon, par contre, elle n'avait pas l'air super à l'aise face à six types enragés. Ace résolut donc d'aller lui donner un coup de main.
Au moment où l'un d'eux se précipitait sur elle, il sauta et se retrouva devant Elva, face au vilain.

-Hiken !!

Le dit vilain fut éjecté à pleine puissance et renversa deux de ses compagnons par la même occasion, qui atterirent dans la neige avec fracas. N'en restaient plus que trois.

- Un et demi chacun ? proposa Ace à Elva avec un sourire qui ne présageait rien de bon pour leurs adversaires.

- Un et demi chacun ?
- On va essayer..., gargouilla Elva.

Un autre pirate se jeta sur elle. Il brandissait d'une main une massue piquée de pointes rouillées et de l'autre un coutelas ébréché. Elva évita l'attaque en se plaquant à terre. Elle se releva et saisit le premier objet qui lui tombait sous la main... Une énorme carcasse de dinde, en l'occurence. Elle l'écrasa sur la tête du guerrier le plus proche. La cage thoracique de la volaille enserra la tête de son adversaire qui, aveuglé et les bras immobilisés le long du corps, tituba au hasard, comme un énorme poulet mort équipé de jambes humaines, en émettant des sons inintelligibles.

Elva, tout en esquivant les coups de ses adversaires avec un rire très agaçant, ramassa sur l'une des rares tables qui restaient encore en place deux gâteaux à la citrouille crémeux et gluants, puis les écrasa comme des cymbales sur la tête d'un pirate éberlué qui bascula en arrière, ayant perdu l'équilibre, le visage maculé de bouillie orange. Visiblement, elle avait l'air RAVIE. Elva se jeta en avant, pirouetta... pour se retrouver face à face avec deux pirates écumants de rage.

Dans un ensemble parfait, ils fondirent sur elle.
La jeune fille bondit sur le côté, évitant un coup de sabre qui l'aurait coupée en deux si elle n'avait pas bougé.

Comme un espèce d'écureuil particulièrement belliqueux, la pirate bondit, pour se réceptionner sur l'énorme casque que portait son ennemi.
Celui-ci commença à gesticuler dans tous les sens, Elva se raccrochant à ses cheveux pour se pas tomber. Elle joignit ses mains pour former une sorte de masse, et frappa avec violence le visage de son ennemi. D'un geste souple, elle bondit en arrière pour ratterir sur l'empilement de tonneaux qu'elle avait quitté quelques minutes auparavant.

Elva se prépara à lancer une autre tirade mais le pirate restant l'en empêcha. D'un puissant coup de hache calculé au millimètre, il brisa le perchoir d'Elva. Les tonneaux tombèrent et se cassèrent, libérant des kilos d'eau et d'alcool. La jeune fille tomba, et se retrouve trempée en deux secondes. Presque dessaoulée à présent, elle put facilement apercevoir l'imposante silhouette d'un pirate.

Le pirate qui était sensé être évanoui !
Norbert le Givré venait de se réveiller après avoir encaissé un puissant coup de talon sur la tête. Et il n'avait pas l'air de très bonne humeur.

- V... Vous allez bien ? gargouilla poliment Elva, comme si cela pouvait arranger la situation problématique dans laquelle elle se trouvait.
- PAS TRES BIEN, FIGURE-TOI, CAR J'AI EXTRÊMEMENT MAL AUX FESSES ! brailla ce dernier.

Saisissant sa hache, il se prépara à couper son adversaire une bonne fois pour toutes.
Elva frappa la première.
D'un geste vif, elle apercut un poignard à la lame tranchant, le poignard de l'homme qu'elle avait assomé quelques minutes plus tot. D'un geste circulaire, elle le saisit, et frappa la cheville grasse de Norbert le givré avec. Celui-ci hurla, et tomba, sa cheville meurtie. Elva roula sur le côté pour ne pas se faire écraser par l'impressionante masse.

C'était étonnant. Une endive supposée avoir le potentiel d'un lapin asthmatique et un homme d'a peine vingt ans venaient de mettre au tapis l'équipage de Norbert le Givré - et, par la même occasion, de mettre à sac une auberge.
La jeune fille, en quelques sauts agiles, se retrouva à côté d'Ace.

- Et euh... MAINTENANT, qu'est-ce qu'on fait ?

Ace décocha un vigoureux coup de poing dans le foie d'un autre mastodonte, qui s'écroula dans un gémissement indéfinissable. On aurait dit... Le gargouillement d'un cachalot agonisant sur la plage. Ou quelque chose comme ça. En tout, c'était assez ressemblant.
La seconde d'après, un autre cachalot (ou plutôt un orque) se jetait sur lui avec... Une bouteille de rhum à la main. Ace se dit qu'en se débrouillant bien, il allait rendre la chose amusante. L'orque faisait des gestes pour lui abattre cette bouteille sur le crâne. Mains dans les poches, Ace évitait avec agilité, un sourire amusé aux lèvres. Et hop, en bas, et hop, à droite, et hop, on saute.

- C'est fou ce qu'on s'amuse, tu trouves pas ? remarqua Ace avec son éternel sourire.

Il vit apparaître une veine sur la tempe de l'orque. Visiblement, la petite phrase lâchée par le pirate avait titillé ses nerfs. Le méchant pas beau redoubla d'efforts pour remuer sa grosse carcasse et assommer l'imbécile heureux qui pensait pouvoir lui échapper.
D'un bond, (car Ace n'avait que du muscle, lui !), s'éloigna de deux mètres et pointa ses index vers son adversaire.

- Higan !

Une petite salve suffit à briser la bouteille et à tremper l'orque de liquide poisseux et odorant. Celui-ci, très très remonté contre ce morveux qui se croyait tout permis, avançait vers lui à grands pas. Mais il s'arrêta net en voyant la main levée de Ace, pouce et majeur joints. Ce qui sema le doute dans son esprit, ce fut surtout le sourire un brin sadique qu'il affichait à présent...
Avant de pouvoir dire quoi que ce soit, il entendit un claquement de doigts... Et vit sa chemise sale s'embraser. En hurlant, il sortit de l'auberge et se roula dans la neige pour éteindre ce feu qui lui brûlait les épaules et lui léchait le visage...

Ace profita d'avoir enfin la paix pour voir où en était Elva. Tiens, Boule de Viande N°2 s'était relevé ? Il devait avoir un sacré mal de tête alors...

- V... Vous allez bien ? gargouilla poliment Elva, comme si cela pouvait arranger la situation problématique dans laquelle elle se trouvait.
- PAS TRES BIEN, FIGURE-TOI, CAR J'AI EXTRÊMEMENT MAL AUX FESSES ! brailla ce dernier.

Ah, tiens, non. Il avait mal aux fesses. Fichtre alors. Ca devait être à cause de la flèche qui lui était resté dans le postérieur. Sûr que ça devait pas faire du bien.
Néanmoins, elle s'en tira très bien toute seule. En deux temps trois mouvements, Boule de Viande N°2 se retrouva à terre. Ace était admiratif. D'autant plus qu'elle était ivre. Ou en tout cas, elle l'avait été pendant une bonne partie de la bagarre. Ace la vit le rejoindre en trois bonds, légère comme une plume, et atterir à côté de lui.

- Et euh... MAINTENANT, qu'est-ce qu'on fait ?

Franchement... Ace se posait la question. Les clients avaient déserté l'auberge, et même le patron semblait avoir mis les voiles. Toute la salle était sans dessus dessous, les tables et les chaises, renversées ou brisées, le bar, en morceaux, assiettes et bouteilles par terre, vidées de leur contenu... Pas génial. Le vrai bazar.
Il soupira et se passa une main sur la nuque d'un air perplexe.

- Ben... On va peut-être commencer par ranger un peu ce foutoir... Et moi je vais faire mes bagages. Ca m'étonnerait que le patron me laisse rester dans son auberge après tout ça.

Il avisa les vêtements et les cheveux d'Elva. Elle était trempée de rhum et d'eau. Sympathique.

- Enfin, toi, tu veux peut-être te changer, non ? Si tu voyais dans quel état tu es... Y a une salle de bain à l'étage, dans la chambre 102, t'as qu'à l'utiliser.

Il se dirigea ensuite vers la cuisine et en ressortit avec de quoi nettoyer un peu ce foutoir. Et il se mit au travail. Franchement, voir Ace aux Poings Ardents faire le ménage, c'était pas un spectacle qu'on voyait tous les jours. Mais bon, Ace détestait laisser le bazar derrière lui. Il aimait bien laisser les choses en ordre. Normal, c'était un garçon poli. Alors il se comportait comme tel.
Pirate certes. Mal élevé, sûrement pas.
Il commença par remettre debout les meubles qui pouvaient encore l'être, puis il vira tout ce qui était devenu inutilisable. Orques assomés y compris. Il commençait à passer la serpillère lorsqu'il remarqua qu'il faisait quand même froid.
Apercevant une cheminée, il l'alluma avec ses pouvoirs.

-C'est quand même mieux comme ça... dit-il pour lui même.

- Enfin, toi, tu veux peut-être te changer, non ? Si tu voyais dans quel état tu es... Y a une salle de bain à l'étage, dans la chambre 102, t'as qu'à l'utiliser.

Elva regarda ses habits. Ace n'avait pas tout à fait tort, En effet, elle était trempée. La jeune fille acquiesca et se dirigea vers l'escalier sèrieusement endommagé -lui aussi- après tout ce grabuge. Une douche et de nouveaux habits plus tard, Elva ressortit de la chambre, redescendit l'escalier miteux... Et vit Ace en train de faire le ménage dans l'auberge.

- Mais qu'est-ce tu fais, senchô - le dernier mot avait été prononcé avec ironie- ? Tu... tu fais le ménage ? Ca te va bien tu sais ! s'esclaffa Elva.

Ace sembla ignorer la pique et elle eut l'impression qu'il la dévisageait d'un oeil torve. Mais elle ne se souciait pas de ces détails. Elle mit son sac à l'épaule et continua :

- Bon, je vais quitter l'île. Je n'ai plus rien à faire ici. Au plaisir de te revoir ! Ou pas.

Elle s'engagea d'un pas rapide vers la rue enneigée. La baston de la taverne n'avait pas dû être passée inapercue, et tous les marchands et habitants devaient se réfugier chez eux ou se cacher, attendant que ça se passe. Mine de rien, les bagarres étaient fréquentes dans ce pays. A grandes enjambées, Elva chercha longtemps une épicerie ou quelque chose s'en rapprochant. Elle finit par trouver ce qu'elle voulait, sur un étalage de fruits et légumes laissé au grand air et sans la surveillance du marchand. Après avoir volé ce qu'elle désirait, Elva se redirigea vers la sortie du village. Le soir allait bientot tomber.

Elle soupira. Comment elle retrouvait la trace du bateau, maintenant ?!
La jeune fille commença à lâcher l'un des chapelets de jurons dont elle avait le secret en shootant contre un bonhomme de neige maladroitement construit par quelques enfants. La nuit tomba rapidement, les minutes passaient... Et Elva se demandait TOUJOURS comment retrouver son chemin en se traînant dans la neige blanche. Un bâtiment, plus grand que les autres, isolé du village, attira son attention. Il y avait du grabuge, comme si on faisait la fête dedans. Discrètement, la jeune fille s'approcha. Et ce qu'elle vit la surprit.

Une impressionante bande de pirates était en train de faire la fête et de ripailler, en ne faisant aucun effort pour rester discrets. Elva escalada le mur de la construction avec autant d'aisance qu'un lézard. Parvenue au sommet, de la neige jusqu'a la taille, elle progressa jusqu'au puits d'aération situé au sommet du toit et se pencha pour regarder à l'intérieur de la bâtisse. Balyée par une formidable bouffée d'air chaud, Elva ferma les yeux un instant, puis sentit ses doigts la picoter furieusement à mesure qu'ils se réchauffaient.

Quelques mètres plus bas, un pirate dansait sur une table couverte de poissons, de quartiers de viande, de volaille, de cochons rôtis et de hutes chopes de bière. Ses congénères riaient à gorge déployée en lui lancant au visage des déchets alimentaires et autres objets plus ou moins contondants. Siw énormes cheminées réchauffaient la pièce. Le sol était recouvert de peaux de lapins des neiges, les murs décorés de têtes d'animaux empaillés.

Le coeur battant, Elva remarqua une vieille connaissance assise sur une sorte de trône ; Norbert le Givré, dit Boule de Viande N°2, l'homme dont elle avait maltraité le fondement. Malgré les coussins joufflus sur lesquels il avait pris soin de posr son postérieur, il se tortillait sans cesse d'une fesse sur l'autre, en proie à d'atroces souffrances. Il tenait un énorme hache -plus grosse que celle avec laquelle il avait failli assasiner Elva- à deux tranchants d'aspect peu orthodoxe. L'un des côtés de la lame était constitué d'un métal doré ; l'autre était en métal rouillé. Il discutait avec animation avec un autre pirate aussi grand que lui, et qui arborait une barbe semblable à un hérisson frappé par la foudre. Elva se pencha pour entendre cette conversation - et ce ne fut aps difficile, vu que la sorte de "fenêtre" par-dessus laquelle elle se penchait était située juste derrière les sièges de Norbert et de son ami. Elle était suspendue au-dessus d'une ENORME marmite rouillée dans laquelle reposait un liquide douteux. De la soupe, sans doute.

- Exactement, deux NABOTS s'en sont pris à mon fier équipage ! tempêtait Norbert le Givré en s'adressant à l'autre pirate qui semblait l'écouter attentivement. Il y avait une endive et Portgas D. Ace, l'homme à 200 millions de Berrys. La sale gamine qui l'accompagnait m'a humilié et je ne peux pas le tolérer ! C'est pour cela que j'ai besoin de ton aide, TRONCH.

Elva aurait éclaté de rire en entendant le nom de l'autre pirate si la situation n'avait aps été aussi problématique pour sa pomme.

- Nous allons rechercher ces deux MINUS, et leur mettre la main dessus, grogna le dénommé Tronch. Ensuite, nous allons les capturer et les livrer à la Marine. Mais il faudra monter un GUET-APENS. L'un de nous, Stoïk la Brute, va se déguiser en civil et approcher Ace. Après ça, il le capturera avec une arme en GRANIT MARIN. Il parait qu'il reste sur cette île pendant pas mal de temps, ca nous laissera du temps.

- Et pour son amie l'endive brune ?
- Ne t'inquiètes pas, on l'attrapera sans problème.

Elva, du haut de son promontoir, se mit à paniquer. Ces pirates étaient au moins une centaine, elle n'avait aucune chance face à eux et doutait sérieusement que l'autre enflammé puisse s'en sortir lui aussi.
Alors, le muret de briques du puits d'aération, déjà accablé par le poids de la neige, s'effondra, précipitant Elva dans le vide.
Dans des circonstances ordinaires, cette chute aurait été fatale pour Elva, car le toit du bâtiment était situé à sept mètres du sol, c'est à dire bien plus qu'il n'en faut pour se briser le cou...

Mais, par un coup de chance inespéré, la marmite géante dans laquelle reposait la soupe à l'oignon nationale des Hystériks -l'équipage de Norbert- était posé derrière les sièges des duex chefs pirates, à la verticale du puits d'aération, si bien qu'Elva y plongea fesses les premières. Si la soupe avait été servie chaude, elle aurait été immédiatement cuite à coeur, mais les Hystériks l'avaient servie en fin d'après midi, et sa température était désormais comparable à celle d'un bon bain tiède. Si les pirates s'étaient gavés de soupe à l'oignon, le chaudron n'aurait pas été assez profond pour amortir la chute d'Elva, mais ces fiers pirates ne la servaient que par respect d'une tradition ancestrale et y avaient à peine trempé les lèvres.

Elva ne toucha même pas le fond du récipient. Elle remonta à la surface et recracha une gorgée de liquide tiède et jaunâtre, les cheveux constellés de morceaux d'oignon.

Le silence régnait dans la salle.
Rien de tel que la chute d'une inconnue, de morceaux de briques et de neige sur le banquet pour casser l'ambiance. Les pirates se laissèrent tomber sur leurs chaises et dévisagèrent l'étrangère qui pataugeait lamentablement dans leur glorieuse soupe nationale. Norbert le Givré fut le premier à recouvrer ses esprits. Il secoua sa barbe pour en chasser quelques flocons et se dressa d'un bond.

- A L'ASSASSIN ! EMPAREZ-VOUS DE CETTE INDIVIDU !

Vingt guerriers se hissèrent sur la table. Elva pataugea dans tous les sens, mais malgré cette absurde tentation qui n'avait aucune chance d'être courronée de succès, on la souleva, et la posa sur la table, dégoulinante de potage.

- Es-tu venue seule ? aboya-t-il en secouant sous le nez d'Elva sa hache à double tranchant.
Elva secoua la tête avec autant d'énergie qu'elle éclaboussa généreusement de soupe jaune le visage de son interlocuteur.

- Mais je te reconnais, murmura Norbert en essuyant le visage d'Elva avec la cape d'un guerrier endormi. Par la moustache de Freya ! Tu es la misérable petite larve de Barbe Blanche qui a planté une flèche dans mon royal postérieur !

La conversation s'engageait de la pire des façons.

- Tu es une MINUSCULE tueuse, lanca-t-il. Minuscule et risible, tout comme le dingue enflammé qui a décimé la moitié de mon équipage cet après-midi ! Est-ce que Barbe Blanche s'imagine vraiment pouvoir m'assasiner en envoyant une demi-portion dans TON genre ?

- M... Mais je ne suis pas un assassin, balbutia Elva.
- TU MENS ! beugla le chef Hystérik. TUONS CETTE MINUS !
Il fit mine d'assèner un grand coup de hache à Elva, mais se retint au dernier moment.
- Je pourrais te liquider sur le champ, mais nous ne sommes pas des SAUVAGES et n'éxécutons jamais un criminel sans lui avoir offert un procès équitable. En conséquence, tu vas subir le jugement de la hache. (deux pirates la trainèrent jusqu'a un billot de bois marqué d'innombrables entailles.)
Je vais lancer cette hache en l'air. Si elle retombe côté doré, tu vivras. Si elle retombe côté noir, je te décapiterai sur-le-champ.

Norbert fit un geste brusque et lanca la hache vers le plafond. Elle tourbillona dans les airs, puis retomba vers le billot. Elva réalisa rapidement qu'elle alait tomber du côté noir. Menée par l'énergie du déséspoir, elle bondit comme un fauve, saisit l'arme par le manche, puis la fit pivoter de façon à ce qu'elle retombe côté doré.

- CÔTÉ OR, NORBERT LE GIVRÉ ! s'exclama Elva en pointant un index accusateur vers le chef pirate.

Pendant d'interminables secondes, Norbert ouvrit et referma la bouche, comme un poisson rouge échoué sur une plage.
- T... Tu as triché !! beugla-t-il enfin.
- Faux, objecta Elva, le destin m'a laissée tricher. Maintenant, tiens ta promesse et libère-moi !

Sans attendre une quelconque réponse -qui serait à coup sûr négative, Elva s'élanca entre les jambes d'un guerrier inattentif. Plus vive qu'un lézard, elle courut. S'accrocha aux encastrures du mur de la salle. Et regagna le conduit d'aération à moitié détruit. En deux mouvement, elle fut dehors, hors de portée des guerriers Hystériks... Pour l'instant. Elva sauta du toit et se récéptionna à terre.
La bande de brutasses allait surement se mettre à sa recherche. La jeune fille devrait trouver un endroit où dormir, et demain elle se mettrait à la recherche d'Ace pour le prévenir.

**

Le soleil venait à peine de se lever, et pourtant presque toutes les auberges du coin étaient ouvertes. Une petite créature à la démarche masculine progressait dans les allées enneigées du village, d'aubege en auberge. Vous vous en doutiez, elle cherchait une personne particulière. Elle poussa la porte délabrée d'une auberge, s'approcha du comptoir et fit une demande bien précise au vendeur :

- Excusez-moi... Vous n'auriez pas vu un homme ressemblant vaguement à une asperge ? Il porte un chapeau bizarre et se ballade torse nu...

Le marchand réprima un sourire... Et pointa du doigt un client affalé dans son assiette, au fond de la salle. Elva poussa un grognement. Et après, on disait qu'ELLE avait l'air stupide.A grandes enjambées, elle se déplaca entre les tables et arriva jusqu'a celle ou Ace était endormi, le nez dans son assiette.

- (sourire stupide) Ace, c'est mouah. ~

Ne constatant aucune réaction de la part de son "capitaine", Elva donna un violent coup de pied dans la table, envoyant à terre Ace et son repas par la même occasion.

- DEBOUT, FEIGNASSE !
- Formidable ! jacassa le tenancier de son comptoir. Dites, vous ne voudriez pas revenir tous les jours ? J'en ai toujours deux-trois très difficiles à réveiller...

Elva ignora le vendeur et se mit à brailler sur Ace des injures en grande quantité. Une fois calmée, elle se décida à lui faire part de la situation.

- Hier soir, j'ai surpris une conversation entre l'un des pirates que nous avons défoncés hier soir et un autre gars. Ils veulent ta tête et la Mienne - ce qui ne m'étonne pas, d'ailleurs- et ont préparé un guet-apens pour te capturer. T'as une idée de c'que tu vas faire ?

- Mais qu'est-ce tu fais, senchô ? Tu... tu fais le ménage ? Ca te va bien tu sais ! s'esclaffa Elva.

Ace releva la tête, étonné. Tiens, elle était déjà revenue, celle là ? Il la dévisagea avec indifférence. Il avait bien perçu de l'ironie dans sa voix (surtout sur le "senchô"), mais n'y prêta pas plus d'attention qu'à la mouche qui était au plafond. Elva continua :

- Bon, je vais quitter l'île. Je n'ai plus rien à faire ici. Au plaisir de te revoir ! Ou pas.

Bon, au moins, c'était clair. L'extra-terrestre n'avait pas l'intention de rester ici plus longtemps. En un sens, c'était une bonne chose. Ca lui éviterait probablement des ennuis. Il la vit attraper son sac et sortir, sans lui laisser le temps d'en placer une.
Il leva les yeux au ciel et termina son ménage. Le patron n'étant toujours pas revenu, Ace monta à l'étage, récupéra ses affaires, et sortit à son tour de l'auberge.
Le Soleil commençait à se coucher. Il devait être environ six heures. D'un pas nonchalent, le pirate remonta la rue, à la recherche d'un nouvel endroit où passer la nuit. Au bout d'un moment, il leva les yeux vers les montagnes qu'on aperçevait au loin, les "Drum Rockies", ou quelque chose comme ça. Ace trouvait qu'elles ressemblaient à d'énormes gâteaux. A la différence que ça devait pas être comestible.
Il remarqua qu'au sommet du plus haut de ces rocs se trouvait un château. Celui du Roi ? Il savait qu'il y en avait eu par le passé, mais aujourd'hui... Il pourrait se renseigner plus tard. Mais il se demandait bien qui pouvait être assez fou pour vivre là haut, reclus de tous. Un ermite, peut-être. Lui, Ace, ne comprenait pas qu'on puisse vivre de cette manière. Fermé de tous. Coincé là haut. Lui, il était voyageur, libre, et ne supportait pas les contraintes ou les obligations. Rester longtemps quelque part ne l'intéressait pas. C'était aussi pour ça qu'il était devenu pirate.

Il déambula encore une heure dans le village, selon où ses pas le menait. La nuit était presque tombée, les gens rentraient chez eux doucement.
Il passa près de la sortie du village et remarqua un bâtiment à l'écart. Qu'est-ce que c'était ? Ace percevait des rires, pas très discrets. Sûrement des gens qui faisaient la fête. Il détourna ses pas et s'apprêtait à regagner le centre de la bourgade, lorsqu'il entendit un cri. Pas très fort, mais un cri quand même. Il se retourna et fronça les sourcils. On aurait dit la voix d'Elva... Bizarre. Il avait des hallucinations mainteanant ? Elle disait qu'elle allait quitter l'île, ce devrait être fait à l'heure qu'il est.
N'aperçevant pas la jeune fille débouler à toute allure ni se battre contre il-ne-savait-trop-quoi, il haussa les épaules et conclut que son imagination lui jouait des tours. Il partit.

Encore un quart d'heure, et il dégotta une autre auberge tout à fait respectable où il décida de se poser en attendant le lendemain. Contrairement à l'autre établissement, il n'y avait que peu de clients, qui ne ressemblaient en rien à des truands, ni à des brutes épaisses. Juste un ou deux poivrots faisaient tache au tableau.
Ace se laissa tomber sur une chaise et soupira. Les évènements de l'après-midi l'avaient fatigué. Maintenant, il voulait juste manger un bon repas et dormir. Voire faire les deux en même temps. Le patron, un brave homme aux cheveux grisonnants, approchant la cinquantaine, bedonnant, et aux yeux francs et rieurs, s'approcha de lui.

- Qu'est-ce que je vous sers, étranger ?
- N'importe, du moment que c'est chaud. Avec une choppe de bière, s'il vous plaît.

Le patron hocha la tête et disparut en cuisine. Ace en profita pour apprécier la douce chaleur du feu de bois. Il se dit qu'il allait passer la nuit ici, et que le lendemain, il repartirait. Il consulta son log pose. Presque chargé. Demain ce serait bon.
Il remercia son hôte lorsque celui-ci lui apporta son repas, des légumes cuits à la vapeur, accompagnés d'un rôti encore fumant et de pommes de terre. Tout en mangeant, Ace repensait à la bagarre de l'après-midi. Norbert le Givré... Ce nom ne lui disait strictement rien. Etait-ce un pirate ? Un brigand local ? Un brute épaisse, tout simplement ? Il décida d'en avoir le coeur net.

- Dites, Ossan, commença Ace, est-ce que le nom de Norbert le Givré vous dit quelque chose ?

Le patron se désinteressa de son bar, où il nettoyait des verres, pour reporter son attention sur ce jeune étranger.

- Norbert le Givré ? Un peu que ça me dit quelque chose. Il est connu dans le coin.
- Comment ça ?

Le patron fronça les sourcils et se gratta le menton, l'air de réfléchir à comment expliquer ça.

- En fait... Norbert le Givré est un étranger, comme vous. D'après ses dires, c'est un pirate. Son équipage et lui sont arrivés il y a de ça deux ans-ou trois, je ne sais plus-, et depuis, ils n'ont plus bougé.
-Pourquoi ça ? Les logs pose ne mettent pas si longtemps à se recharger...
- Certes, mais il faut croire qu'ils se sont plus, ici. répondit le patron en haussant les épaules. En tout cas, ce sont des brutes qui n'ont pas plus de cervelle qu'un moineau en bas âge et qui ne sont bons qu'à mettre le bazar partout où ils vont ! On sera bien contents quand ils repartiront, tiens...

Et il se replongea dans sa vaisselle, laissant Ace avec ses réflexions. Décidément, ce Norbert l'agaçait prodigieusement. Un pirate qui se prélasse sur une île, et fait du grabuge sous préexte qu'il est pirate, justement.... Pitoyable.
Ace continua son repas, laissant vagabonder ses pensées. Puis, fidèle à son habitude... Il s'endormit.

Le lendemain, Ace se ré-endormit dans son assiette. Une habitude.
Le patron, supris par ce brusque sommeil, se demanda si ce garçon était normal... Il n'avait pourtant pas tant bu que ça... Peut-être supportait-il mal l'alcool.

Il reprit donc son activité comme si de rien n'était. Une demi-heure plus tard, il entendit grincer la porte et releva les yeux. Il aperçut une jeune fille, emmitouflée dans un épais manteau vert. Elle regarda de droite à gauche, l'air de chercher quelqu'un. Enfin, elle se décida et approcha du comptoir, le dévisageant de ses grand yeux bruns.

- Excusez-moi... Vous n'auriez pas vu un homme ressemblant vaguement à une asperge ? Il porte un chapeau bizarre et se ballade torse nu...

Une... Asperge ? Ca non, il n'en avait pas. Par contre, torse nu, avec un chapeau... Le patron sourit, se tourna vers la salle et lui indiqua son client étranger, celui qui s'était endormi en mangeant. Lorsqu'elle le vit, elle eut une mine dépitée. Ensuite, elle s'approcha du client.

- (sourire stupide) Ace, c'est mouah. ~

Ace se réveilla mais ne remua pas d'un cil. Il pensait avoir rêvé, comme tout à l'heure. Cependant, il avait bien l'impression que quelqu'un se tenait à côté de lui. Il articula donc, en se redressant :

-Mh ?

Et eut à peine le temps d'éviter un magistral coup de pied.

-DEBOUT, FEIGNASSE !
- WAAAH !

Si lui avait pu éviter le coup, la table, non. Avait-on déjà vu une table esquiver ? Sûrement pas. Emporté par son élan, Ace bascula de sa chaise et se retrouva à terre. Il releva la tête en grimaçant et reconnut...

- E... Elva ?

Mais celle ci ne l'entendit même pas, trop occupée qu'elle était à l'abreuver d'insultes. Il était si surpris qu'il en oubliait de répliquer. Qu'est-ce qu'elle lui voulait, encore ? Elle ne pouvait pas le laisser tranquille, non ?

- Formidable ! jacassa le tenancier de son comptoir. Dites, vous ne voudriez pas revenir tous les jours ? J'en ai toujours deux-trois très difficiles à réveiller...

Un regard noir de Ace suffit à le dissuader de continuer.
Enfin, son extra-terrestre de nakama consentit à lui donner des explications.

- Hier soir, j'ai surpris une conversation entre l'un des pirates que nous avons défoncés hier soir et un autre gars. Ils veulent ta tête et la Mienne - ce qui ne m'étonne pas, d'ailleurs- et ont préparé un guet-apens pour te capturer. T'as une idée de c'que tu vas faire ?

De mauvaise humeur, Ace se releva et epousseta ses vêtements, avant de remettre son chapeau correctement. Ensuite, il se tourna vers Elva, et lui dit :

-Dis moi, Elva, t'es dingue ou tu le fais exprès ?? Qu'est-ce qui te prend de m'agresser comme ça ? T'as tendance à oublier qu'on fait partie du même équipage, non ??

Puis, comprenant qu'elle n'allait sûrement pas l'écouter, il soupira et poursuivit, plus calme :

- Je ne sais pas dans quelle situation tordue tu t'es encore fourrée, mais une chose est sûre... Si ces types veulent la bagarre, ils l'auront. Je suis pas du genre à attendre sagement qu'on me tende un piège... sourit-il. Apparemment, Norbert et ses hommes seraient des pirates ayant élu domicile ici. Je vais les en déloger, et puis c'est tout... Libre à toi de venir ou pas.

La maison reculée d'hier, le cri... Tout ça s'expliquait.
Il tourna les talons, et posa une dernière question :

-Qu'est-ce qu'ils ont prévu, exactement ?

-Dis moi, Elva, t'es dingue ou tu le fais exprès ?? Qu'est-ce qui te prend de m'agresser comme ça ? T'as tendance à oublier qu'on fait partie du même équipage, non ?? Je ne sais pas dans quelle situation tordue tu t'es encore fourrée, mais une chose est sûre... Si ces types veulent la bagarre, ils l'auront. Je suis pas du genre à attendre sagement qu'on me tende un piège... Apparemment, Norbert et ses hommes seraient des pirates ayant élu domicile ici. Je vais les en déloger, et puis c'est tout... Libre à toi de venir ou pas.

- Ah, c'est bon... Avoue que ce n'est pas dans les habitudes d'un humain normal de s'endormir à table. Bien sûr que je vais venir ! La LIBERTÉ ou la MORT ! brailla-t-elle, une lueur nouvelle dans le regard, en brandissant son poing. Je n'en attendais pas moins de TOI. En gros, ces pirates veulent t'approcher déguisés en civils et te capturer avec des armes en granit marin. Il paraît même que ces imbéciles gardent un formidable trésor. J'ai volé des TROUPEAUX entiers de moutons aux Vizigros. J'ai fait les poches des Mochetrogoths. J'ai piqué le casque du capitaine Ignar la Timbale alors qu'il était sur sa tête ! Alors pour moi, faire tourner en bourrique les imbéciles à la hache, c'est un vrai PLAISIR. Compte sur moi pour t'accompagner !

Sur ce, elle commença à siffloter un petit air martial. Certes, Elva était incontestablement une bonne combattante, mais elle avait un énorme défaut : elle était très très vaniteuse. Elva sortit de l'auberge, suivie par Ace. Cette fois-ci, elle tenait à ce qu'elle ne se fasse pas remarquer comme l'autre fois. Elle manifestait beaucoup d' enthousiasme et ne cessait de siffloter et de jacasser à tue-tête, ses yeux noisette brillants d'excitation.

- Viens, je vais te conduire à leur planque.

En l'incitant à le suivre, Elva accéléra le pas. Ils marchèrent pendant une distance moyenne, quittèrent le village avant d'arriver à un grand bâtiment dont une partie du toit était détruite, laissant un orifice assez grand pour laisser rentrer un humain de taille normale : le trou qu'Elva avait fait involontairement en tombant dans la soupe à l'oignon. En quelques bonds souples, elle s'approcha du bâtiment, et regarda par une fenêtre -du moins, ce qu'on pouvait appeler une fenêtre- pour voir ce qu'il se passait à l'intérieur. Les Hystériks étaient visiblement en train de s'armer et de préparer une attaque.

* Tout ça pour CA...*

Les membres de l'équipage de Norbert semblaient s'être remis de la raclée qu'ils avaient pris tantôt. Ils étaient au moins une trentaine dans la baraque, à s'armer et se préparer. Dominant l'assemblée d'une bonne tête, Norbert le Givré et sa hache à double tranchant discutait avec Tronch.
Aparemment, il n'avait pas encore repéré Elva. Quel coup de bol.

[ Désolée, post court ]

- Ah, c'est bon... Avoue que ce n'est pas dans les habitudes d'un humain normal de s'endormir à table. Bien sûr que je vais venir ! La LIBERTÉ ou la MORT ! brailla-t-elle, une lueur nouvelle dans le regard, en brandissant son poing. Je n'en attendais pas moins de TOI. En gros, ces pirates veulent t'approcher déguisés en civils et te capturer avec des armes en granit marin. Il paraît même que ces imbéciles gardent un formidable trésor. J'ai volé des TROUPEAUX entiers de moutons aux Vizigros. J'ai fait les poches des Mochetrogoths. J'ai piqué le casque du capitaine Ignar la Timbale alors qu'il était sur sa tête ! Alors pour moi, faire tourner en bourrique les imbéciles à la hache, c'est un vrai PLAISIR. Compte sur moi pour t'accompagner !

Ace esquissa un sourire et sortit de l'auberge en saluant le patron qui n'y comprenait décidément rien. Dans la rue, il dit à Elva :

- Je n'en attendais pas moins de toi. Et je comprend mieux pourquoi le vieux t'a engagée.

Elle lui dit qu'elle allait le conduire à leur planque. Il espérait que cette fois, elle se ferait moins remarquer... Sinon, c'était la fin des haricots. Tout en suivant sa camarade dans les rues de Drum, il réfléchissait. Ces armes en granit marin étaient la partie la plus inquiétante de leur plan. Ace se demandait de quelle quantité de ces armes ils disposaient. Probablement pas énormément, le minerai étant assez rare et cher. Mais Elva avait dit qu'apparemment, ils disposaient d'un fabuleux trésor. Quoique, des brigands de ce genre étaient plutôt du genre à garder leur fortune pour le luxe et les loisirs plutôt que pour leur équipement... Mais on ne savait jamais.
Enfin, ils arrivèrent devant la planque. Ace reconnut le bâtiment d'où il avait entendu des rires et le cri d'Elva. Il remarqua un trou béant dans le toit. Il le montra à Elva :

- Ne me dis pas que c'est toi qui a fait ça ?

Comme elle grimpait pour accéder à la fenêtre, il la rejoignit en quelques sauts et jeta un oeil à l'intérieur. Il constata qu'ils étaient en train de se préparer à l'attaque. Un peu plus d'une trentaine, tous des gros bras sans doute sans cervelle, à l'image de leur capitaine. Il chercha les armes en granit marin des yeux. De fait, il n'y en avait que trois. Ace les reconnut à leur couleur gris-bleu si particulière. Il en avait déjà vu sur l'arme de son vieil ennemi, le Colonel Smoker. Il allait devoir faire attention...
Ace observa encore la scène et repéra Norbert. Il était en grande conversation avec un autre de ses hommes. Il tendit l'oreille pour saisir la conversation.

- Cette petite peste ! Je suis sûr qu'elle est partie avertir son dingue de capitaine ! grognait-il.
- T'en fais pas. A eux deux, ils ne feront pas le poids. Nous sommes une trentaine et nous disposons d'armes en granit marin. Aussi fort soit cet Ace aux Poings Ardents, il ne résistera pas aux effets d ece minerai...
- Y a intérêt... Je ne tiens pas à finir en barbecue. Il faudra aussi se méfier de cette peste surexcitée qui l'accompagne. Je ne sais pas si elle a les pouvoirs d'un fruit, elle aussi, mais c'est une sacrée teigne !

Ace songea qu'il ne pouvait pas leur donner tort là dessus. Mais attend... "Je suis sûr qu'elle est partie prévenir son dingue de capitaine" ? Oh non, elle s'était ENCORE fait repérer...
Bon, au moins, ils ne savaient pas encore qu'ils étaient là, à les épier. C'était toujours ça de gagné. Et il était grand temps de passer à l'action. Les Hysteriks n'étaient pas encore prêts. Ils auraient l'avantage de l'effet de surprise, à défaut d'avoir celui du nombre.

- On y va, Elva ! Attend quelques secondes avant d'y aller.

Et il bondit à l'intérieur, transformant ses jambes en flammes pour se propulser dans les airs, sous les yeux effarés des brigands qui se demandaient ce qui se passait. Sans leur laisser le temps de réfléchir, il tnedit son poing :

- Hiken !!

Une énorme boule de feu fusa et explosa sur les pirates, dévastant une bonne partie de la salle. Les pirates en ayant réchappés criaient :

- Il est là !! C'est lui !! Ace aux Poings Ardents !

Ace atterit sur une caisse, et se redressa, quelques flammèches s'échappant encore de ses jambes et de son poing dévastateur. Il fixa Norbert avec un sourire ironique et dit :

- Paraît que tu me cherchais, Norbert ?

Elva prit de l'inspiration, et, d'un geste souple, sauta pour raterrir sur le sol. Elle regarda aux alentours ; c'était encore plus en bazar que la veille, des armes traînaient un peu partout, et de la nourriture était toujours entreposée sur la table du milieu. Ace était à présent face à face avec ce bon vieux Norbert le Givré. Ce dernier apercut la jeune fille atterir derrière Ace. Son visage se déforma quelque peu et il beugla :

- L'ENDIVE !

Elva n'eut aucune réaction et se contenta de ricaner histoire de le faire enrager un peu plus. Seulement, c'était assez problèmatique ; elle ne savait pas différencier une arme en granit marin d'un arme normale. Si elle se faisait toucher, sa défaite serait inéluctable ; Elva n'était rien sans sa force surhumaine. La jeune fille serait restée volontiers en arrière si quatre ou cinq brutes ne l'avaient pas encerclée avec des airs menaçants. Cela commençait à devenir monotone. Elle esquissa un mouvement... lorsqu'une énorme boule de feu sortit du poing d'Ace et défonça la moitié de la baraque. Une grande partie de l'équipage se retrouva prise dans les flammes, tandis que l'autre était occupée à paniquer. Elva profita de cette diversion d'ampleur pour se faufiler jusqu'a Norbert et le piéger. Mais c'était sans compter sur les nakamas de ce dernier, qui fondirent sur elle, armes à la main.

Un premier homme tenta de lui trancher le cou à l'aide de la lame d'un poignard rouillé par le temps. Un coup de poing la cuellit au visage. D'un geste maladroit, elle bondit, mettant de la distance entre elle et ses ennemis. Un autre homme surgit devant elle, comme un rempart entre Elva et les autres hommes, mais il était sûr qu'il ne lui voulait pas que du bien. Elle leva la tête pour vriller ses yeux dans ceux du colosse. Le barbu hésita un instant. Il ne s'était jamais trouvé dans une telle situation. Habitué à terroriser les gens, il ne comprenait pas pourquoi cette fille n'éprouvait pas la moindre terreur. Pire encore, elle semblait se moquer de lui et se permettait de menacer son chef. Cette attitude cachait quelque chose de louche, c'était certain. Une petite voix en lui semblait lui murmurer qu'il ferait mieux de se retirer. Un risque partagé est toujours moins... risqué.

- Alors, gros tas, tu as peur de te confronter à une fille ?

Le colosse laissa échapper un grognement. C'en était trop ! Sa main droite, pareille à un battoir, fila vers le visage de la fille. Elva pivota souplement, passa sous le bras de son adversaire, saisit son poignet au passage et le tordit violemment. Un claquement retentit. Le barbu avait poussé un hurlement de colère et de douleur réunies. Il lanca son poing mais il aurait tout aussi bien pu le mettre dans sa poche tant le coup était inefficace. Elva, en revanche, après s'être baissée pour esquiver l'attaque, frappa deux fois au niveau des côtes. Sous l'impact, le barbu s'était plié en deux. Elle le releva d'un joli coup de genou. Le nez sembla se briser.

Avec un sursaut de terreur, le guerrier barbu qui était si fier deux minutes auparavant se dégagea. Il jeta un regard affolé autour de lui puis se releva, tentant de s'enfuir en courant. Malheureusement, il trébucha par terre et s'étala sur le sol. Elva vit trois autre brutes foncer sur elle, comprenant que les ennuis venaient à peine de commencer.

- Tu vas la fermer, être très gentille avec nous et tout se passera bien, femelle.

Les trois brutes éclatèrent d'un rire gras. Celui qui avait parlé, un escogriffe aux moustaches tombantes, fit un pas vers elle, une lueur de convoitise dans son regard veule. Elva poussa un soupir de contrariété. Le dernier mot ne lui avait pas trop plu. L'idée d'étrangler l'homme avec ses moustaches lui vint à l'esprit mais elle la repoussa ; Trop facile et si peu glorieux. Déshonorant. Elle leva les yeux pour chercher la prise qui lui permettrait de se hisser sur les toits. Concentrant son énergie dans ses pieds, elle sauta. Ses doigts crochetèrent une poutre et elle se releva, dominant les trois hommes de sa silhouette.
Chuintement feutré.

Des aiguilles, presque invisibles à l'oeil nu, venaient de fuser en direction du moustachu. Celui ci voulut pousser une exclamation qui resta dans sa gorge. Les aiguilles qu'Elva avait envoyée étaient désormais solidement plantées dans son coeur, dans sa jugulaire et son épaule. Il vacilla, avant de tomber à genoux, les membres tremblants à cause du poison qui était actuellement en train de proliférer dans son organisme. Elva, du haut de sa poutre, se prépara à lancer de nouveaux projectiles..

.. Elle n'en eut pas le temps. L'une des brutes restantes venait de tirer sur son promontoire d'un coup de fusil puissant. La poutre s'ébranla et tomba, précipitant Elva dans sa chute.
Sous les gravats, elle toussa et se dépêtra des gravats. Maintenant, le toit était quasi-détruit. A peine était-elle sortie des gravats que les deux hommes fondirent sur elle. Essayant tant bien que mal d'esquiver les coups de poignard et les coups de poing, elle se sentait reculer... et se trouva très vite bloqué contre la table de banquet -à moitié défoncée elle aussi- garnie de mets qui ne serviraient surement à rien. Quoique...

D'un geste vif, elle monta sur la table, roula sur le côté et alla se déplacer sur la table pour s'offrir une position avantageuse face aux Hystériks. Avec un geste maladroit mais assez utile, elle saisit une bouteille au hasard et arrosa les yeux de ses assaillants d'une généreuse giclée de champagne d'ortie maison. Les mouvements quelque peu ralentis par ses blessure,s la jeune fille effectua une autre série de sauts acrobatiques pour se retrouver à côté de Norbert et son nakama Tronch, prête à se battre.

- L'ENDIVE !

Ace se retourna, étonné, et aperçut Elva qui se tenait juste derrière lui. Une endive ? Ah ouais, pourquoi pas... Une endive extra-terrestre alors. Il y tenait beaucoup, à son idée d'extra-terrestre, ça tournait à la fixation...
A présent, la moitié du hangar était décimé, et sa nakama était aux prises avec quelques têtes de pioche. Heureusement, elle avait l'air d'avoir plus d'un tour dans son sac. Parce qu'il était un peu occupé, lui aussi.
Cinq types l'encerclaient, l'air menaçant et pas franchement disposés à discuter calmement. Tant mieux, il n'avait jamais été un as de la parlote, de toutes façons.
Trois des cinq hommes bondirent sur lui l'un après l'autre. Tour à tour, il esquiva leur coup, se dépaçant légèrement sur le côté sans leur prêter attention. Au dernier des trois, qui perdit l'équilibre, il donna un bon coup de pied dans le postérieur. Il chût. Boum patatras.
Ace attrapa une barre métallique et finit les deux autres, qui tombèrent inanimé, un filet de sang à la tempe. Satisfait, Ace tourna la tête pour voir où en était Elva avec les siens, quand tout à coup... IL la vit tomber d'une poutre en hauteur. Il comprit que celle-ci avait été brisée par un coup de feu.

- Elva, attention !

Il n'avait même pas finit sa phrase que déjà, elle s'écrasait à terre, et des gravats ne tardèrent pas à suivre. Heureusement, elle ne semblait pas trop amochée. Elle se releva et sauta sur la table, avant d'asperger ses ennemis avec du... Champagne ? Sans commentaire.
Profitant de n'avoir plus d'adversaire, il s'enquit de l'état de sa nakama, qui portait tout de même plusieurs cicatrices ouvertes.

- Elva ? Rien de cassé ?

Au moment même où il terminait le "cassé", il sentit quelque chose de dur le frapper à la tête, et une vive douleur lui vrilla le crâne. Avec un gémissement de douleur, il se laissa tomber à genoux. Il voyait trouble, il porta une main à l'arrière de son crâne. Il y sentit un liquide chaud et poisseux. Son sang.
Il se retourna et vit... La barre de métal qu'il avait utilisée tout l'heure flotter en l'air ! Estomaqué, Ace chercha comment une telle chose était possible... Et repéra Tronch, debout à cinq mètre, qui levait la main. C'était lui qui contrôlait la barre ? Mais alors...

- Un Fruit du Démon... Intéressant. Il te permet de faire de la télékynésie ?

Tronch ricana avant d'éclater d'un rire sardonique.

- Pas tout à fait, mais presque, Ace aux Poings Ardents ! Le Fruit de l'Aimant me permet de contrôler les métaux à ma guise ! N'est ce pas magnifique ?
-Magnifique, non, pratique, oui.

Ace se releva et essuya le sang qui coulait dans son cou. Maintenant qu'il le savait, il allait pouvoir se tranformer en flammes pour éviter les coups. Ca allait même pas être drôle.
C'est ce moment que choisit Norbert pour se manifester. Eclatant de rire, il se planta aux côtés de Tronch, les mains sur les hanches. Il était certain de leur victoire prochaine.

- Alors, Ace aux Poings Ardents !! Tu t'y attendait pas, hein ?? T'en fais pas, on va te garder vivant. C'est nécessaire pour empocher la prime sur ta tête... Et après ça, on s'occupera de cet avorton de Luffy au chapeau de paille ! Il va morfler, lui aussi !

Ace fronça les sourcils. Luffy ? Il était parmis leur cibles, lui aussi ? Ace sentait la colère monter en lui de plus en plus vite. Il serra les poings.

- Ce minable gamin qui pense pouvoir devenir le Seigneur des Pirates !! Ne me faites pas rire !!!

Une boule de feu passa à deux centimètres de sa tête. Il arrêta aussitôt de rire. Immobile, il regardait le pirate aux pouvoirs pyrogènes avec une terreur grandissante. Celui-ci avait encore le poings dressé vers lui, quelques flammèches folles s'en échappaient encore.
Il leva les yeux vers le minable qui se tenait en face de lui. Une lueur féroce dans le regard. Ce n'était plus le même Ace. Le jeunot nonchalent et amusé de la situation avait fait place au pirate dont la tête était mise à prix deux cents millions. Et cela ne présageait rien de bon pour Norbert, l'imprudent Norbert.
Sans bouger, il s'adressa à Elva, qui était juste derrière.

- Elva, je peux te laisser t'occuper de Tronch ? J'ai un petit compte à régler avec l'autre...

Il se baissa et ramassa une arme en granit marin, dont le manche, lui, était normal, et lui lança. Avec cette arme, elle pourrait le battre plus facilement.
Il fit ensuite craquer ses poings et dévisagea Norbert... Pour lui foncer dessus. Il lui décocha un coup de poing dans la mâchoire, l'envoyant valdinguer loin de Tronch, qui lui, devait être occupé avec Elva.
Ace s'approcha de sa victime, qui saisissait une épée en granit marin pour se défendre. La peur était lisible dans ses yeux. Ace plongea son regard dans le sien.

- Personne...

Il transforma son poing en boule de feu.

- Ne parle de mon petit frère ainsi devant moi !

Et la lutte commença.

Elva regarda d'un air intrigué son capitaine qui semblait être vraiment en rogne. Pourtant, Norbert le Givré n'avait dit que quelques mots, mais, manque de chance, le dénommé Mugiwara était le frère cadet d'Ace. Mais Elva s'en fichait un peu en ce moment, tout ce qui comptait, c'était mettre la patée à Tronch. Ace lui lanca une arme suspecte de couleur bleu-gris, Elva l'attrappa maladroitement par le manche. C'était un poignard épais. Elva n'eut pas le temps de réfléchir que déjà, son adversaire faisait léviter vers elle la lourde barre de fer qu'Ace avait pris auparavant. D'un bond agile, elle évita un coup qui l'aurait à moitié tuée. Ainsi, ce gars avait le pouvoir du magnétisme... Il était trois fois plus fort que son complice Norbert. Elva se placa à distance raisonnable.
Tronch se renfrogna. Comment une jeune fille impotente comptait le battre ?
Elva, le poignard à la main, réfléchissait. Autour d'elle, elle saisit quelques armes délaissées par les hommes d'équipage de Norbert pour se défendre en cas d'attaque. Attaque qui vint presque aussitôt. Tronch porta la main en avant. Aussitôt, Elva sentit les armes qu'elle tenait lui glisser des mains, pour venir dans la direction de Tronch. Peu à peu, des armes de toutes natures se soulevèrent, pour léviter à environ un mètre du sol. Des sifflements caractéristiques de poignards fendant l'air retentirent.
Elva vrilla son corps en sautant, sentit une douleur aiguë à son côté gauche. Elle n'avait pas été assez rapide pour éviter les "poignard ambulants". Un autre traca une profonde entaille sur son bras droit, comme une traînée écarlate. Elle porta la main à sa hanche blessée et se releva. Elle devrait vite éliminer son adversaire, sinon il la blesserait plus gravement et la situation deviendrait intenable. Une nouvelle fois, elle s'élanca. Rapidement, elle parvint au niveau de Tronch qui fit léviter un autre poignard. Elva se baissa ... Et du sauter pour éviter une autre "vague" de poignards fonçant dans sa direction.

Tronch se renfrogna. Qui étaient-ils, à la fin ? L'endive qui, un jour plus tôt, redoublait de débilité, semblait soudain montrer une féroce vivacité au combat. Peu importe. Elle ne tiendrait pas longtemps. La jeune fille, malré les blessures qui l'handicapaient, virevoltait, sautait et esquivait une grande partie des poignards. En se réceptionnant au sol, elle rattrapa l'arme en granit marin, en faisant attention à ne pas l'effleurer. Elva la mit à sa ceinture, elle l'utiliserait quand elle se serait rapprochée de Tronch... ce qui n'était pas gagné. En un bond maladroit, elle s'éloigna un peu plus. Elva porta la main à son dos, et sortit son arc. Elle inspecta les pointes de ses flèches rapidement.

Or, ces pointes étaient en aluminium. Si tronch usait de son pouvoir d'attraction, cela n'aurait aucun effet sur ses projectiles. Elle mit une flèche à son arc, plissa les yeux, et tira. Une flèche, très rapide, fusa vers la tête du pirate. Flèche qui fut bloquée par une de ses épées volantes. Tels des gardes du corps, les armes en métal de Tronch lévitaient, comme animées d'un énergie propre. Ce ne serait pas de la tarte de le toucher.

La jeune pirate n'avait pas dit son dernier mot. En quelques gestes souples, elle décocha rapidement une , puis plusieurs flèches qui fusèrent vers Tronch. Les armes bougèrent, et bloquèrent les tirs, brisant les flèches d'Elva en deux ou les faisant simplement tomber au sol. Une seule atteint sa cible, et toucha Tronch au torse. Celui-ci rugit de douleur, et retira d'un geste violent la flèche de son organisme. Cela ne devait pas faire du bien.

Dans un ensemble parfait, les armes, animées par le pouvoir de télékynésie de Tronch, foncèrent vers leur cible ; Elva. Elle bondit. Certains projectiles s'étaient plantés dans le sol, mais d'autres la pourchassaient. Une dague la toucha au bras droit, presque au même endroit que sa précédente blessure. Heureusement, son bras gauche était intact... pour l'instant. Deux ans auparavant, Elva avait découvert par accident qu'elle était gauchère. Voilà pourquoi elle était si malhabile de la main droite. Seulement, maintenant, elle était habile de ses deux mains. Ce qui lui permettrait toujours de tirer des flèches. Quoique...

Elva retint un cri de douleur. Une aiguille venait de s'enfoncer dans son poignet. Mais d'où sortait-elle ? Délicatement, elle la retira. Et un détail la suprit : Ses propres aiguilles étaient en train de léviter... autour d'elle !

Elva se maudit. Ses aiguilles, elles étaient en fer, et manque de chance, Tronch avait dû les repérer. Trahie par ses PROPRES armes ! Nouveau chuintement. Elva roula à terre. Ses aiguilles, maintenant manipulées pas son adversaire, venaient de fondre sur elle. Elle réussit à en éviter une grande partie, mais elle se fit transpercer l'épaule droite. La jeune fille poussa un grognement de douleur. La main tremblante, elle retira un à un les projectiles fichés dans son épaule.

Tronch sourit intérieurement. Cette jeune fille était forte, masi cela ne suffirait pas. Elle pouvait encore se mouvoir malgré ses blessures... Le pouvoir de son fruit du démon augmentait largement sa résistance.
De son côté, larme à la main, Elva se releva difficilement, tremblante, et fonca une nouvelle fois vers Tronch, le poing tendu.

- Tu n'en as pas marre ? Toujours la même attaque !

Elle se plia en deux sous le premier coup de poing qui la cuellit au creux de l'estomac, partit en arrière quand le deuxième lui percuta le menton, s'effondra sur le dos, et poussa un cri rauque lorsque le barbu lui balança son pied dans les côtes. A terre, un filet de sang coula de la commisure de ses lèvres. Elle avait l'impression que son corps entier était devenu une seule et unique ecchymose.
Son adversaire était convaincu que le combat était terminé. D'un pas lent, il commença à se retourner vers Ace, qui était en train de se battre avec Norbert. Un cri, juste derrière lui, le fit changer d'avis.

- Hé, le babouin ! C'est MOI ton adversaire !

Pitoyable... Alors comme ça elle s'était relevée ? Cette fille était une courageuse endive, certes, mais une endive suicidaire. D'un geste brusque, il commanda à l'intégralité de ses "épées volantes" de se soulever. Vers Elva.

- Je commence à en avoir assez de toi ! Tu vas te faire transpercer par toutes mes épées ! MEURS EN BEAUTÉ !

Claquement bruyant. Toutes les épées s'entrechoquèrent en même temps, à un même endroit.
Elles ne transpercèrent personne. Elva, utilisant ses dernières forces, avait bondi. De sa main valide, elle s'appuya au support que lui offraient les épées, et brandit le coutelas en granite marin.

- Mange ça !!

D'un geste circulaire, Elva LANCA le coutelas vers Tronch. Celui-ci, sans aucune arme pour se protéger, fut trop lent pour esquiver. Le poignard le percuta de plein fouet et il s'effondra, "groggy" à cause de l'effet du minéral planté profondément dans sa peau.

* C'est le moment !! *

Elva s'élanca, saisit une épée au hasard, la souleva... Et frappa dans Tronch. Au hasard. Du sang jaillit. Elva, un peu dégoutée par ce qu'elle venait de faire, tituba, et tomba. Ses blessures étaient trop nombreuses.

- J... J'ai réussi...

Ace fit un pas de côté pour éviter le coup qu'essayait de lui porter Norbert le Givré (il comprenait d'ailleurs de mieux en mieux pourquoi il s'appellait comme ça). Mains dans les poches, l'allure toujours nonchalente, il s'écartait au dernier moment en considérant son adversaire d'un oeil placide et inexpressif. Norbert tenait son épée à deux mains, et donnait maladroitement des coups dans le vide, haletant, espérant atteindre cette anguille de Ace d'une manière ou d'une autre.

- Haa... Haa... Vas-tu... Te tenir tranquille ??

Et rebelote. La lame émoussée tranchait de haut en bas, ne rencontrant que le vide ou une table qui avait eu le malheur de se trouver là. Ace regardait son adversaire. Il était vraiment pitoyable. Le gros brigand tout pâle suait à grosses gouttes en essayant vainement de couper le pirate au chapeau en deux. Il soufflait comme un boeuf.
Ace s'immobilisa, s'offrant ainsi volontairement à son ennemi. Celui-ci ne perdit pas l'occasion d'attaquer.

- Haa...Je te tiens !

Il le va son épée et l'abattit sur Ace de toutes ses forces. L'épée touchait presque la tête du pirate... Norbert savourait déjà sa victoire... Lorsque sous ses yeux, il vit Ace disparaître pour laisser place à des flammes.
Eberlué, Norbert perdit l'équilibre et s'écroula lourdement par terre. Un mètre plus loin, Ace reprit forme humaine. Il considérait toujours Norbert sans expression aucune sur le visage. Il ne pipait mot. Il ne bougeait pas d'un cil.
Norbert se releva aussi vite qu'il put, s'attendant à une attaque en traître. Il n'e fut rien. Avec méfiance, il reprit son épée et dévisagea Ace. Ce visage inexpressif avait le don de l'agacer. Prodigieusement.

- T'aurais dû m'attaquer pendant que j'étais à terre. Quelle erreur venant du célèbre Ace aux Poings Ardents !

A sa grande surprise, Ace baîlla et répliqua :

- Pas besoin. T'es tellement nul que je peux te battre en utilisant juste mes index !

Passé l'instant de surprise, Norbert rougit de rage. Quel effronté ! Penser pouvoir battre le Grrrrrrand Norrrrrbert avec juste deux doigts !! Il allait le payer !!

- Alors prouve le ! En attandant, goûte à ma lame en granit marin !!

Il jeta son épée rouillée pour en prendre une autre à la lame bleutée. Du granit marin. Ace soupira. Finalement, il aurait dû s'occuper de Tronch. Ca aurait été plus amusant. Mais ce type avait insulté Luffy... Et ça, ça se payait cher. AU prix fort. Ace ne pardonnait pas cet affront là.
En poussant un hurlement de rage, Norbert se précipita sur Ace, lame levée, prête à frapper. A quelques centimètres d'Ace, il frappa. Le pirate au chapeau se baissa, et fit une pirouette de côté afin d'éviter le retour de lame. De la position accroupie, il poussa sur ses jambes pour bondir en l'air. Norbert, trop lent, n'eut pas le temps de frapper à nouveau. Il ne put voir Ace qu'au moment où celui-ci était en l'air, au dessus de sa tête.
Ace se laissa retomber et atterit... Sur la tête de Norbert. Il s'y appuya de tout son poids, écrasant le faciès du vilain, et sauta de nouveau.

- Oops, désolé, vieux... J't'avais pas vu...

Norbert, la marque de la chaussure d'Ace imprimée sur le visage, bouillonnait de rage.
Il se retourna, fit face au pirate de Barbe Blanche, et lança un nouvel assaut. Qui s'avéra être le dernier.
Au moment où la lame de granit marin s'abattait sur lui, Ace fit une nouvelle pirouette... Et passa entre les jambes de Norbert. Il était grand temps d'en finir. Maintenant dans son dos, Ace se retourna et pointa ses index vers Norbert, comme s'il s'agissaient de pistolets. Un sourire carnassier aux lèvres, il s'exclama :

- Bon voyage, vieux ! Higan !!

La rafale partit. Et atteignit Norbert de plein fouet. Les petites balles de feu lui trouèrent le dos, laissant des marques de brûlures sur la chemise, transformant les organes qui se trouvaient derrière la peau en passoires. Norbert balbutia quelque chose d'incompréhensible et s'effondra dans la poussière. Il ne se relèverait plus.
Ace souffla sur ses doigts et lança :

- Fallait pas insulter mon p'tit frère...

Il se retourna et constata qu'Elva en avait fini avec Tronch. Celui-ci gisait à terre, une plaie béante et sanguinolente lui barrait le ventre. Ace grimaça et rejoignit sa nakama qui était étendue à terre, épuisée. Il s'accroupit à côté d'elle et lui dit :

-Ben dis donc... T'y es pas allée de main morte...

Il repéra une épée en granit marin à quelques pas d'eux. La lame était ensanglantée. Ce devait être avec ça qu'elle l'avait fini.
Un bruit attira l'attention du pirate. Il s'aperçut que quelques uns des brigands qu'ils avaient assomé se relevaient... Pas bon, ça. Avec Elva blessée, ça allait être coton de se battre.
Il se redressa et chargea Elva sur son dos.

-Je m'occupe de les finir. Toi, tu m'attend dehors.

Il sortit du bâtiment et déposa Elva contre un arbre. Il retourna ensuite dans la masure et compta sept brigands valides. Ils le regradaient d'un air peu amical.
Ace n'avait plus trop envie de cogner. Autant tous les finir d'un seul coup.

- Enkai...

Un fin cercle de feu se dessina autour de lui, dans un diamètre de trois mètres environ.
Les brigands se précipitaient sur lui, de crainte qu'il ne prépare quelque chose.
Mais il était déjà trop tard.

- ... Hibashira !!

Une énorme colonne de feu jaillit du cercle et fusa vers le plafond. Celui-ci vola en éclat sous la puissance des flammes. La colonne jaillit vers le ciel.
Le feu se propagea sur le toit. Les poutres cédaient, des tôles tombaient du plafond. Toute la bâtisse était en train de s'écrouler. Les brigands ne comprenaient pas ce qu'il se passait. Pour terminer le boulot, Ace lança des Hiken à tout va, atteignant tantôt des ennemis, tantôt démolissant les murs ou les meubles. L'incendie était total.
Ace effectua un sfumato pour sortir et se rematérialisa à côté d'Elva qui attendait dehors. Le bâtiment était en flammes, et finissait de s'effondrer. Acune chance d'en réchapper.
Redevenu le nonchalent et zen Ace habituel, il se gratta le menton et marmonna :

- Mh... J'y suis peut-être allé un peu fort...

Il attendit quelques instants, puis tourna la tête vers sa nakama.

- On rentre ? Je crois que t'as besoin de te faire soigner tes blessures... Tu peux marcher ?

L'unique regard qu'elle avait jeté à sa blessure sur le côté lui avait suffi pour comprendre qu'elle avait de la chance d'être encore en vie et qu'elle ne le resterait pas longtemps si elle ne trouvait pas vite un médecin.

- On rentre ? Je crois que t'as besoin de te faire soigner tes blessures... Tu peux marcher ?

Elva toussa en guise de réponse.
Elle avait beaucoup de blessures minimes, mais c'était surtout celle de sa hanche droite qui l'inquiétait. Elle se releva difficilement, poussant un grognement à cause de l'élancement de douleur qui vrilla sa blessure. Elle marchait difficilement et ne parvenait pas trop à rester en équilibre. Normal quand on a les chevilles couvertes d'entailles et les deux mains posées sur la hanche.

- Oui, enfin j-je crois... De toutes façons, je ne me laisserai jamais porter par un garçon. Plutôt m-mourir.

Elle devait l'admettre, Ace était très doué -pour un garçon, bien sûr-. Détruire une maison entière en se débarassant de sept brigands d'un seul coup, il fallait le faire ! Mais là, c'était bien le dernier de ces soucis. Il fallait d'abord trouver un médecin et parvenir au village, et ça, c'était pas gagné.

- Dis-moi, fit-elle après un moment de silence. Tu as l'air de beaucoup tenir à ton frère. Qui c'est, pour que tu le respectes autant ?

Cette question était d'une importance minime, mais Elva tenait quand même à la poser. Cela l'intriguait. Dans son propre cas, Elva n'avait jamais considéré ses frères et soeurs comme des proches -ou même comme des alliés. Et à voir comment Ace s'était défoulé sur Norbert quand ce dernier avait projeté de s'emparer de la tête du dénommé Leuhfye -ou quelque chose de ce genre- ces deux-là devaient sûrement être proches. Etrange.
La distance à parcourir semblait être extrêmement longue aux yeux d'Elva, mais au final elle vit apparaître les maisons du village à proximité, leurs toits pointant vers le ciel. D'un pas bancal, elle parvint lentement à aller jusqu'a un pâté de maisons.

- Bon... y'a un ... docteur ici ?

Elva sentait que son état allait sérieusement s'aggraver si elle continuait à marcher sans aide. Mais elle respectait ses principes, aussi idiots soient-ils. Sur l'une des maisons, on pouvait lire, sur un écriteau en bois, un "médecin" gravé en lettres dorées, difficilement lisible. Telle une limace handicapée, Elva tituba ridiculement vers la porte, donna deux grands coups maladroits et attendit, devant le regard interdit -ou éxaspéré, qui sait ?- d'Ace. Tremblante, Elva sentit soudainement un frisson glacial parcourut son corps et elle se sentit basculer dans le noir.
Encore le noir.
Elle eut juste le temps d'apercevoir, du coin de l'oeil la porte s'ouvrir sur une silhouette non identifiée -surement un médecin, enfin, elle l'espérait.

[ Désolée, post vraiment pas terrible =/ ]

- Oui, enfin j-je crois... De toutes façons, je ne me laisserai jamais porter par un garçon. Plutôt m-mourir.

Et sa toux reprit. Ace soupira. Cette fille était aussi têtue qu'un troupeau de mules. Même en étant gravement blessée, elle s'en tenait à ses "principes". Ok, mais tout de même...
Il la regarda tituber sur quelques mètres avant de se décider à la suivre. En quelques pas, il se retrouva à sa hauteur. Au moins, si elle tombait dans les pommes, il n'aurait qu'à la ramener. Ce serait même plus rapide. Mais bon, Elva étant ce qu'elle est...
Le silence était retombé. On n'entendait plus que le crissement de leurs pas dans la neige.

- Dis-moi, fit-elle après un moment de silence. Tu as l'air de beaucoup tenir à ton frère. Qui c'est, pour que tu le respectes autant ?

Etonné, Ace leva un sourcil interrogateur. Elle s'était souvenue de ça ?
Il prit le temps de choisir ses mots, et lâcha :

- C'est mon frère, tout bêtement. C'est pas que je le respecte particulièrement, mais on s'est toujours très bien entendu. Alors je ne supporte pas qu'on lui manque de respect ainsi. C'est tout.

Ace réfléchit. Pourquoi son frère intéressait-il Elva ? Est-ce qu'elle en avait, elle, des frères et soeurs ? Pour lui, ça semblait normal de défendre les gens qui lui sont chers, a fortiori s'il s'agit de sa famille, c'est à dire Luffy. Il ne lui avait jamais traversé l'esprit qu'il puisse en être autrement. Faut dire qu'Ace est un brin simplet, parfois...
Mais bon, passons, et revenons à Elva et Ace au pays des Lapins Mutants.
Le village n'était pas très loin. Encore quelque deux cent mètres, et ils passeraient devant les premières maisons. La neige s'était arrêtée de tomber, leur permettant ainsi d'avancer plus facilement.
Ace jeta un oeil à sa nakama. Elle peinait à avancer, tenant à sa hanche blessée à l'aide de ses deux mains. C'est dans ces cas-là qu'Ace regrettait de ne pas avoir toujours sur lui une trousse de secours, comme le lui avait pourtant conseillé le médecin de son équipage. Quelle tête de linotte, vraiment. La prochaine fois, il l'écouterait. Pour sûr.
Enfin, ils arrivèrent au village. Elva s'arrêta et souffla :

- Bon... y'a un ... docteur ici ?

Soudain, elle trébucha. Elle réussit à tenir sur ses jambes, mais son état était de plus en plus inquiétant. Ace, sourcils froncés, s'approcha pour la soutenir, mais elle se dégagea d'un geste faible. Il soupira et haussa les épaules. Têtue jusqu'au bout...
Ils approchèrent d'un maison au toit de chaume. Sur la façade, on voyait un écriteau portant l'indication "médecin". Elva s'en approcha et frappa deux fois. Enfin, frappa... Laissa tomber son poing dessus, plutôt. Et elle attendit.
Tout à coup, Ace vit Elva se raidir et s'écouler dans la neige. Il se précipita :

- Elva ! Elva, tu m'entend ? Elva !

Ace se mordit la lèvre inférieure. Et merde !
Il se releva et tambourina à la porte.

- Ohé !! Ya quelqu'un là dedans ?? Y a une blessée, je vous signale ! Il nous faut un médecin !

Enfin, la porte s'ouvrit. L'homme qui se tenait derrière le battant était de petite taille, à la figure rondouilette et sympathique. Il dévisageait Ace avec étonnement, derrière les petites lunettes sur son nez.
Il bégaya :

- Qui... Qui êtes vous ? Qui est blessé ?

Ace soupira de soulagement et désigna sa nakama, toujours évanouie. Aussitôt, le médecin retrouva une contenance et s'agenouilla près de la blessée. Il observa rapidement les plaies et se releva.
Il lança à Ace :

- Portez-la jusqu'au salon. Je vais m'occuper d'elle. Mais faites vite, je vais chercher mes affaires !

Il se retourna et courut chercher son matériel. Pednant ce temps, Ace souleva sa nakama. Elle râlerait sûrement en se réveillant, mais tant pis. Y avait plus urgent pour le moment, à savoir sa santé.
Elva dans les bras, Ace entra dans la maison et trouva le salon tout de suite. Avec prudence, il allongea la jeune fille sur le canapé, et attendit le retour du médecin. Celui-ci reparut quelques secondes plus tard, une sacoche à la main, une blouse blanche sur le dos. Il ré-ausculta rapidement sa patiente et dit à Ace :

- Je m'occupe d'elle. Attendez dans le couloir, ça ne prendra pas longtemps !

Comme Ace hésitait, le médecin se leva et le poussa hors de la pièce avant de fermer la porte. Ace se dit qu'il était un brin énervé, le doc...
Il patienta donc, assis par terre. Il espérait que le médecin allait pouvoir sauver Elva.
Une heure plus tard, le petit homme sortit de la pièce et sourit à Ace.

- Votre amie est hors de danger. Elle a juste besoin de se reposer. Mais c'était tout juste ! Vous auriez dû me l'amener avant !

En entendant qu'Elva était tirée d'affaire, Ace poussa un soupir de soulagement. Mais lorsque le médecin lui reprocha son retard, il grogna :

- C'est elle qui n'a pas voulu que je la porte... J'vous jure, y en a qui ont des principes...

Il retourna dans le salon, suivi du docteur, et s'approcha du canapé. Elva semblait dormir. Elle avait des pansements sur le visage et sur les bras. Le reste de son corps était caché par une couverture chaudeaux motifs écossais. Le médecin reprit :

- Il vaut mieux la laisser se reposer ici. Je retourne dans mon bureau, j'ai encore du travail. Je vous laisse la surveiller, appellez-moi si quelque chose ne va pas, ou qu'elle se réveille.
-Comptez sur moi, Doc'. Et merci encore.

Le médecin sourit, fit quelques pansements au pirate, notamment à la tête (à cause du coup de barre métallique) et aux bras (engelures) et s'en fut. Ace prit une chaise et s'assit près du canapé. Elva dormait toujours. Pas étonnant avec ses blessures. Et les journées d'hier et aujourd'hui avaient été mouvementées. Un être humain normal serait probablement mort d'épuisement. Mais puisqu'ils n'était ni l'un ni l'autre d'être humain normal...
Au bout de deux heures, Ace finit par sentir le sommeil le gagner. Sa nakama reprenait des couleurs. Elle devrait pas tarder à se réveiller.
Mais Ace était trop épuisé. Alors il s'endormit. C'était pas bien grave. Il avat le sommeil assez léger : s'il se passait quelque chose, il se réveillerait.

Elle marchait dans une plaine à la couleur uniformément jaune, tuant des patates à l'aide de son arc et mangeant des takoyaki, lorsque... elle se réveilla, la tête posée sur un oreiller, confortablement installée dans un canapé et couverte d'une couverture à motifs écossais. Elle se tortilla un peu comme un ver de terre, et s'en abstint après avoir ressenti une vive douleur à la hanche. Ah non, elle n'était pas au paradis, et ce n'était pas un rempli de lumière blanche devant elle, mais une lampe accrochée au plafond et qui éclairait faiblement l'espace de la pièce. Elle se redressa, et constata qu'elle avait des pansements sur presque tout le corps. Alors elle avait réussi à aller chez un médecin ? Heureusement, sinon elle n'aurait pas fait long feu et La Grande Elva serait partie de ce monde, laissant derrière elle des milliers d'âmes malheureuses.

Se penchant légèrement vers le sol où était posé son sac en bandoulière, elle le saisit et en sortit le cinquième tome des aventures amoureuses de Paméla et Brandon. Oui, vous avez bien entendu, Elva lisait des romans à l'eau de rose. Surprenant. Personne n'aimait ça à part elle, mais faut pas chercher, c'est Elva.
Alors qu'elle apprenait que , Brandon venait de se refaire le nez et que Paméla se trouvait grosse, elle apercut une chaise occupée à coté du canapé. Ca y'est, elle était en fait au paradis et avait trouvé Dieu !! Mais est-ce que Dieu portait un chapeau orange ? Ah non, elle se rendit à l'évidence, c'était Ace.

Aparemment, il somnolait. Hum, il était très gentil de s'inquièter pour elle, mais quel médiocre veilleur ! Elle se préparait à entamer le dixième chapitre de son roman lorsque la porte s'entrouvrit.
Elva entendit un bruit de verre et commenca à paniquer, c'était sûrement un monstre qui lui en voulait, elle allait finir décapitée avec une brosse à dents et découpée en Apéricubes avec des bouts de verre, quelle fin atroce !
Ah non, c'était en fait un docteur. ~~mais où était la différence me direz-vous ?~~

Vous êtes un docteur ? fit-elle au vieil homme barbu - qui avait l'air un peu remonté.
Celui-ci répondit par un bref hochement de tête. Pas commode le vieux... Avant de continuer à lire son livre, Elva fit :

Merci de m'avoir secourue, moi et le gars qui m'accompagnait.

Voir Elva remercier quelqu'un en souriant était une chose très rare, mais la surprendre à ne pas utiliser des surnoms débiles l'était encore plus. Elle se replongea dans la lecture des amours de Paméla et Brandon. Alors qu'elle apprenait avec un air béat que Paméla prenait un kébab au jambon pour le déjeuner, le vieil homme, à côté d'elle, lui parla d'une voix aussi énervée que tout à l'heure.

- Je sais très bien que vous êtes des pirates, je ne suis pas dupe. J'accepte de vous soigner plus longtemps - surtout toi, il s'en est fallu de peu. Mais si on apprend que je vous ai soignés je vais passer un sacré quart d'heure.
- Désolée... C'est ma faute si on est ici.

Elva savait très bien que si elle restait ici elle n'allait pas cesser de causer des ennuis autour d'elle, c'était bien son habitude après tout. De toutes façons, elle serait déjà partie depuis longtemps s'il n'y avait pas eu cette histoire avec les givrés - et c'était, une fois de plus, entièrement sa faute. Elle était un peu gênée de causer ce genre d'ennuis à Ace, mais on ne se changeait pas ! D'ailleurs, ce dernier n'allait pas tarder à se réveiller, même si son sommeil semblait assez profond. Elle replongea dans sa lecture d'un air insouciant.